Nada Boulos al-Assad est satisfaite. Sa dernière vente aux enchères, consacrée à l’art moderne et contemporain de la région, s’est « très bien » déroulée, selon ses dires. Même si la commissaire-priseur tait le montant global, quelque 70 toiles présentées fin mars ont fait des “records”. « Ce qui prouve, si besoin est, que l’on peut vendre à Beyrouth aussi bien qu’à Dubaï ou Londres. Le marché de l’art est mondial et les acheteurs scrutent les enchères où qu’elles se déroulent. » Parmi les très belles ventes, la toile de Chafic Abboud (1926-2004) intitulée “La fenêtre” (1974). Estimée entre 160 000 et 220 000 dollars, cette peinture de 130 x 130 cm a été adjugée quelque 155 000 dollars au marteau à un particulier libanais. « Peu de temps auparavant, un autre Chafic Abboud, “La fête”, de la même année et sensiblement de la même taille, s’est vendu à un prix identique (au marteau) chez Christie’s Dubaï. » Mais le véritable record, on le doit à une toile de Aref Rayess. Tiré de la série “Désert”, réalisée lors du séjour en Arabie saoudite de l’artiste entre 1981 et 1988, ce petit format (50 x 70 cm) a fini à 110 000 dollars au marteau. « Cette vente confirme la reconnaissance grandissante de ce peintre, dont la cote n’est pas arrivée encore à son acmé, selon moi. » L’œuvre présentée à Beyrouth appartient à la même série que celle vendue à Dubaï, chez Christie’s, en 2015. « Il s’agissait alors d’un grand format (90 x 120 cm), adjugé un peu plus de 110 000 dollars au marteau. »
Si la veine “nostalgique” est toujours prisée des amateurs libanais, comme le souligne une demande assez forte pour des œuvres de Moustapha Farroukh, Omar Omsi, ou Amine el-Basha, la commissaire-priseur note également l’intérêt pour des contemporains comme Abdul Rahman Katanani (1983), dont la sculpture en aluminium d’un joueur de tambours (2011) a fini à 12 000 dollars (avant frais), sa cote habituelle en galerie, ou encore Marwan Sahmarani dont certaines huiles ont été achetées autour de 10 000 dollars. « J’avais la chance d’avoir un catalogue riche et varié. Mais le nombre croissant d’enchères sur le Moyen-Orient alourdit le marché et me pousse à me demander si je ne devrais pas me concentrer sur une seule enchère annuelle plutôt que deux. » Affaire à suivre.

...et s’envole aussi à Sotheby’s
À Londres, Sotheby’s organisait une vente aux enchères centrée sur les artistes modernes et contemporains de la région du Moyen-Orient. En tout, 53 lots ont été adjugés pour un montant de 4,46 millions de dollars. C’est un artiste iranien, Baham Mohasses (1931-2010), qui rafle la mise avec “Death of Martin Luther King” (1968) vendue un peu plus d’un demi-million de dollars. Sept artistes libanais se sont également singularisés. Parmi eux, les collectionneurs confirment leur intérêt pour Aref Rayess (1928-2005) et la période de son exil saoudien au début des années 1980. L’œuvre, présentée ici, fait partie de ces “paysages oniriques” que le désert de Djeddah fit naître.