Le nouvel accord offre aux professionnels libanais un meilleur accès aux financements du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) français et leur ouvre des coopérations avec les pays de l’Union européenne.

C’est une quête sans fin. Un casse-tête pour chaque producteur libanais qui ambitionne de mettre en image un scénario : celui de réunir des fonds. En 2016, l’enveloppe totale allouée aux producteurs par la commission du cinéma du ministère libanais de la Culture s’élevait à 170 000 dollars. Trop peu si l’on estime que cela représente à peine une dizaine de milliers de dollars pour chacun des vingt projets retenus. Trop peu aussi quand on sait que le coût moyen d’un film au pays du Cèdre oscille entre 650 000 et 750 000 dollars. Dans cette chasse aux financements, c’est donc tout naturellement vers les fondations privées qu’ont appris à se tourner les Libanais. Mais aussi et surtout vers les coproductions à l’étranger. Dans ce rôle, la France, par l’intermédiaire du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), est devenue un partenaire de choix. « Un accord de coproduction cinématographique existait depuis 2000 entre la France et le Liban, mais il était trop compliqué, avec trop de lourdeurs techniques, de rigidités financières », explique Maya de Freige, présidente de la Fondation Liban Cinéma. « Les deux parties ont donc décidé de faire sauter tous ces verrous. » Un nouveau texte a été signé le 3 novembre par le ministre de la Culture sortant Rony Arayji et son homologue française Audrey Azoulay. Désormais, au nom du droit européen qui interdit la « préférence nationale », chaque producteur libanais va pouvoir déposer un dossier en partenariat avec un ressortissant de l’Union européenne et ainsi bénéficier des aides du CNC. À ce titre, un film libanais avec des acteurs allemands ou un monteur hollandais sera éligible aux subventions du CNC. Autre disposition, la suppression « des conditions linguistiques » qui imposaient aux films bénéficiant des aides du CNC l’emploi d’un minimum de langue française. Enfin, la part des participations de chaque coproducteur – autrefois répartie sur une base de 80-20 % – a été élargie pour atteindre 90-10 %. Une aubaine pour les Libanais souvent contraints de financer leurs projets avec leurs propres fonds, quand les Européens recourent essentiellement aux aides publiques. « Ce nouvel accord n’est pas la solution miracle, mais l’idée est de dire aux professionnels : vous avez à votre disposition un accord moderne », estime Maya de Freige.
Les producteurs et réalisateurs français ne seront pas non plus en reste. Les subventions plus importantes débloquées par le CNC devraient les inciter à se tourner davantage vers leurs homologues libanais et donc contribuer à l’essor du cinéma français au pays du Cèdre. Avec 170 000 entrées pour des films de l’Hexagone en 2015 (4,6 % de parts de marché), la France se hisse en troisième place des entrées par nationalité derrière les États-Unis (80 %) et le Liban (11 %). « En coproduisant davantage avec le Liban, la France renforcera mécaniquement ses parts de marché au Liban, décrypte Luciano Rispoli, attaché audiovisuel régional de l’ambassade de France au Liban. Nous mettons en œuvre notre politique de la diversité, poursuit le diplomate. Le cinéma français se porte bien, mais il va encore mieux quand il se diffuse à l’extérieur sous forme de coproduction, et notamment ici avec le cinéma libanais. »