Fondée en 2013, SmartFarm démarre la production de tomates et de concombres hydroponiques.

Depuis septembre, tomates et concombres poussent tout autour du couvent de Deir Tammiche au-dessus de l’école des frères maristes de Champville. Ici, le silence n’est pas seulement la règle des moines. Il s’impose aussi dans les serres : aucun insecte ne passe les filets protecteurs de ces serres hydroponiques, qui devraient couvrir à terme 2,2 hectares. « La capacité de production d’une telle surface est, dans le meilleur scénario, de 1 000 à 1 200 tonnes par an de grosses tomates, de type américain, qu’on trouve partout », explique Nagi Kamar, l’un des fondateurs de SmartFarm. Pour cette start-up, Nagi et sa sœur Nadine se sont associés à l’agronome Wissam Nahas. Ensemble, ils doivent investir 750 000 dollars, loyer des terrains compris. Les plants de tomates ou de concombres grandissent dans un substrat stérile – des fibres de coco – associées à de l’eau. « Ils se développent grâce à une solution nutritive qu’on vaporise sur les feuilles. C’est une culture très technique : il faut varier les dosages à chaque étape du cycle de la plante. » Nagi Kamar vend ses tomates 10 à 20 % plus cher que le marché, pour tenir compte de ces frais. Mais ses produits s’arrachent : SmartFarm écoule déjà tous ses légumes dans des supermarchés ou des épiceries fines de la région de Jounié. « Même si les halles sont noyées sous les tonnes de tomates en provenance de Syrie, il y a une vraie demande pour une production libanaise de qualité. » Mais l’ancien trader a parfois envie de tout lâcher. « Nous sommes installés depuis un an et demi et nous attendons toujours notre raccordement au réseau électrique… Idem pour l’eau… Je regrette d’avoir démarré pareil projet au Liban. L’administration joue contre nous. Elle applique des règles obsolètes, qui n’ont pas été révisées depuis plusieurs décennies, et ne comprend pas les besoins de cette nouvelle agriculture, qui pourtant se veut plus saine que celle du passé. »