Un article du Dossier

Le secteur automobile applique une stratégie de crise

L’Association libanaise des importateurs d’automobiles (AIA) s’est associée avec le ministère de l’Environnement pour renouveler le parc automobile libanais vieillissant. Première étape : renouveler les “plaques rouges”, les voitures de taxi et services. Initié en 2013, avec un objectif de lancement en 2018, le projet n’est cependant pas finalisé.
« Les vieilles voitures sont la principale source de pollution à Beyrouth, elles émettent du sulfure et du dioxyde d’azote. Cela irrite les yeux, et si vous êtes trop exposés, vous pouvez avoir des problèmes pour respirer, des cancers », explique Vahakn Kabakian, qui dirige l’Unité sur le changement climatique au ministère de l’Environnement et le projet du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), au ministère.
Quelque 43 % du parc automobile libanais a plus de 20 ans et 58,2 % plus de 15 ans, soit 1,4 million de véhicules, selon les chiffres de l’AIA. De plus, bien que le diesel soit interdit au Liban – il a été décrété cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé en 2012 –, de nombreux taxis et services utilisent encore ce carburant sans aucun contrôle sur la qualité des filtres censés l’accompagner. Plus de 36 % des voitures libanaises ne passent jamais le contrôle technique, affirme l’AIA, soit 560 000 véhicules.
C’est la raison pour laquelle le projet de remplacement cible en priorité ces “plaques rouges” sachant qu’à terme l’objectif est de restreindre l’âge de tous les véhicules qui, dans la plupart des pays développés, ne peut excéder dix ans, explique Vahakn Kabakian.
Le Liban compte environ 33 000 plaques rouges. Pour encourager le renouvellement des voitures de plus de 15 ans, l’idée est de subventionner à hauteur de 3 000 à 4 000 dollars l’achat d’un véhicule neuf de 15 à 20 000 dollars maximum. Le plan de l’AIA et du ministère est soutenu par le Pnud et entre dans le cadre des engagements pris par le Liban à la conférence de Paris sur le climat (2015). Mais son coût global n’a pas encore été évalué.
« Nous sommes aussi en discussion avec le ministère des Finances pour réduire les droits de douane et les frais d’immatriculation, explique Vahakn Kabakian. Nous devons aussi résoudre le problème lié à l’âge des conducteurs, souvent âgés de plus de cinquante ans, voire de 60 ans. Ce qui complique l’achat de voiture neuve à crédit. Nous devons donc faire appel à un fonds international pour garantir les prêts. »
Enfin, le projet bute sur la question du recyclage des voitures envoyées à la casse. « La capacité des industriels concernés est réduite. Et leurs techniques de production ne sont pas toujours conformes aux normes environnementales », explique Vahakn Kabakian.
Si ce projet pilote est un succès, l’étape suivante consistera à viser toutes les voitures particulières, avec comme objectif un renouvellement du parc d’ici à 2030.
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