Un article du Dossier

La floriculture en difficulté

Pour opérer son virage stratégique, Karim Arabi a décidé de miser sur le Web. En août 2016, le Libanais lance The Blossoms Shop. Le nouveau site Internet au design travaillé sera la vitrine en ligne de la boutique familiale Arabi Flowers. Le relais susceptible de donner une nouvelle dimension au magasin situé en bordure du quartier de Chiyah aux portes de la banlieue sud de Beyrouth. Depuis 1997, le petit commerce écoule ses fleurs en dépit des aléas climatiques et de la conjoncture économique. « Dans un contexte stable comme celui de ces dernières années, on peut affirmer que notre croissance moyenne est de 5 à 10 % par an », relève Chadi, le frère en charge de la boutique et de la composition des bouquets. Arabi Flowers se fournit chez une douzaine de grossistes et propose à sa clientèle en boutique fleurs locales (80 % de ses ventes en 2016) et importées (20 %). « Avec notre magasin, nous étions arrivés à un moment où nous avions une bonne position sur le marché, mais nous voulions grandir », explique Karim Arabi. Le plus jeune des deux frères, également banquier d’investissement, met alors sa fibre entrepreneuriale au service de The Blossoms Shop. « On peut estimer à douze millions le nombre de Libanais qui vivent à l’étranger, développe-t-il. Et tous ont encore de la famille, des amis ici à qui ils souhaitent offrir des fleurs.  Sans compter les Libanais dans le pays qui le voudraient, mais ne peuvent pas par manque de temps ou en raison des problèmes de circulation. Il nous fallait donc leur fournir un outil : créer une marque qui soit jeune, attractive et susceptible d’offrir les fleurs de haute qualité de notre magasin à des prix compétitifs. » L’analyse de marché effectuée par Karim Arabi le conduit à scinder le marché de la fleur coupée en ligne en deux avec d’un côté le géant Exotica et de l’autre une multitude d’acteurs. Et donc des parts de marché à conquérir. « Exotica propose par exemple en ligne des roses de très bonne qualité, mais à des prix élevés », poursuit-il. Sur le site du numéro un du secteur, la douzaine de roses mixtes s’affichait en janvier à 30 dollars, quand The Blossoms Shop la propose à 25. « Notre tarif inclut tous les frais, tandis que les autres acteurs ajoutent la livraison (entre sept et dix dollars) plus 10 % de TVA. » Pour être en mesure de proposer de tels coûts, l’entreprise s’est entourée d’une équipe réduite. Karim Arabi travaille avec trois prestataires indépendants dédiés au fonctionnement et à la maintenance du site, ainsi qu’au suivi des commandes. Au bout de ses trois premiers mois d’activité, il se dit satisfait de ses premiers résultats. « Nous avons vendu l’équivalent de 50 % de ce que nous vendons actuellement en magasin », relève-t-il. Mais l’objectif à terme est de supplanter la boutique et de vendre bien plus en ligne. » Karim Arabi, dont l’arrivée sur Internet n’est qu’embryonnaire, voit pourtant loin pour son nouveau site. « Mon objectif est avant tout de satisfaire ma clientèle de Beyrouth jusqu’à Dbayé, car pour le moment, si je veux desservir Jbeil, je ne suis pas assez compétitif du fait du coût de la livraison. » The Blossoms Shop espère pouvoir se déployer au-delà de Beyrouth dès 2018 avec l’ouverture d’un centre régional logistique.
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