Un article du Dossier

La difficile survie des hôtels libanais

Pourquoi louer une chambre d’hôtel quand on peut louer un appartement ? À l’instar des utilisateurs d’AirBnB, la plate-forme américaine de location d’appartements entre particuliers, les voyageurs sont de plus en plus nombreux à préférer poser leurs valises dans un appartement plutôt que dans une chambre d’hôtel. À Beyrouth, même constat : tandis que les hôtels traversent une crise sans précédent, les appartements meublés gagnent du terrain et continuent d’afficher des taux d’occupation encourageants.

Se sentir chez soi

La première raison de ce succès se vérifie partout dans le monde : les clients désirent de plus en plus se sentir chez eux lorsqu’ils voyagent. Sur ce créneau, les professionnels de l’hôtellerie libanaise ne sont pas en reste. Plusieurs établissements proposent des appartements meublés à des prix comparables, voire inférieurs, à ceux de l’hôtellerie classique. Les prix affichés incluent non seulement la location mais aussi une gamme de services proche de ceux des hôtels comme parfois une femme de ménage, un réceptionniste joignable 24h/24, une kitchenette ou encore un petit déjeuner. Ihab Kanawati est directeur général depuis 2013 de Staybridge Beirut, une enseigne du groupe InterContinental située à la rue Verdun, qui dispose de 121 appartements de 45 à 125 m2. S’il ne souhaite pas communiquer les chiffres de son activité, il affirme enregistrer des taux d’occupation bien au-dessus de la moyenne des hôtels. Il explique ces résultats par les nombreux avantages qu’offre un appartement meublé. « Les chambres sont spacieuses, les règles de vie moins strictes que dans un hôtel mais tout le confort y est, le café est servi 24h/24, les clients peuvent profiter de la piscine, de la salle de gym et cela marche bien, car ils ont envie de se sentir à la maison. »

Limiter les coûts

Pour les hôteliers, la formule appartements meublés présente en plus un avantage stratégique notable : ils coûtent moins cher à maintenir. Nadim Fakhry est propriétaire de l’hôtel Smallville à Badaro ainsi que des établissements Beirut Homes à Sodeco et Hamra. Pour lui, la comparaison est nette. « Les appartements meublés ont un coût de fonctionnement moins élevé que les hôtels. » Deux raisons principales à cela, les meublés nécessitent environ 30 % de personnel en moins et peu ou pas de dépenses de restauration. Les appartements meublés attirent ainsi de plus en plus de grands groupes hôteliers qui développent leurs propres marques comme Ascott The Residence, Jumeirah Living ou encore Executive Apartments by Marriott. « C’est un secteur qui enregistre une forte croissance et dont le modèle économique est très intéressant », ajoute Ihab Kanawati, dont l’établissement est adossé à l’enseigne InterContinental pour profiter du réseau de clientèle internationale du groupe et limiter ses coûts marketing.

Une clientèle stable

Autre avantage, conjoncturel cette fois, la clientèle cible. « Quand le pays se porte bien, les hôtels sont plus rentables mais, dans le contexte actuel, les appartements meublés représentent un investissement plus viable, car ils ne dépendent pas des touristes », dit Nadim Fakhry, qui affiche un taux d’occupation entre 80 et 90 %. Tandis que le Liban attire de moins en moins de touristes, les appartements meublés maintiennent leur activité en visant plutôt une clientèle qui souhaite s’établir à Beyrouth à moyen terme – les expatriés qui peuvent ainsi loger leurs familles dans un seul espace et cuisiner pour les enfants, voire les étudiants.
Initialement conçus pour des séjours à long terme, les appartements meublés dépassent leur but initial et attirent de plus en plus de clients en court séjour, voire à la journée. Au Staybridge, les clients qui restent plus d’un mois ne représentent que 15 % des résidents.
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