Un article du Dossier

Laqlouq : la renaissance

Après Kfardebiane, c’est au tour de Laqlouq de connaître un boom immobilier. En 2015, plus de 500 unités résidentielles sont sur le marché dans cette région jusqu’ici vierge et préservée du béton.

L’année 2015 marque incontestablement le début d’une nouvelle ère pour Laqlouq. Le lancement à partir de l’été prochain des Rives de Laqlouq, un mégaprojet de 500 chalets commercialisé par le géant marketing Sayfco, et celui de Vie Laqlouq, un projet de 200 unités financé par un pool d’investisseurs de la région, témoignent de la nouvelle dimension prise par Laqlouq. Jamais des projets d’une telle ampleur n’y avaient été conçus, même si depuis cinq ans certains indicateurs annonçaient un regain d’intérêt pour la région. Quelques projets de chalets résidentiels y ont en effet été lancés et des projets de lotissement se sont aussi multipliés sur des centaines de milliers de mètres carrés, en particulier dans le Haut-Laqlouq. Les propriétaires fonciers ont acheté de grandes parcelles, les ont divisées en plus petits lots, puis les ont reliés par des infrastructures. Ils ont ensuite vendu une partie de leurs terrains, sur lesquels des particuliers ont construit des villas. Le projet Soulouj Laqlouq, imaginé par le promoteur et ingénieur Nadim Comair, sur plus de 400 000 m², a été le précurseur, mais d’autres l’ont suivi : le projet de Kamal Badaro, sur
100 000 m², celui de Hanna el-Chaer, également sur 100 000 m², proche de Chatine, ou encore le projet Evasion Laqlouq, sur 28 000 m². Parallèlement, le nombre de villas individuelles a connu une très forte progression. « Il y a eu autant de villas construites en 2013-2014 à Laqlouq qu’au cours des 50 dernières années », affirme Nadim Comair, copropriétaire du projet Soulouj Laqlouq. « Il est possible de bâtir une villa de 150 m² dans la région à partir de 500 000 dollars », précise le propriétaire foncier Kamal Badaro. Une demi-douzaine d’hôtels est aussi en train de pousser dans le bas et Haut-Laqlouq ; ils viennent compléter l’offre des deux principaux hôtels de la région, le Shangri-La et le Nirvana, qui appartiennent aux propriétaires de la station. Un projet de village avec 35 chalets de 80 à 100 m² à louer sera en outre lancé en 2015 par l’ancien général Assad el-Hachem dans le Haut-Laqlouq. « Le nombre de permis de construire à Laqlouq a quadruplé dans les cinq dernières années », assure le promoteur Joe Yazbeck, qui vient d’achever la construction du projet Haya. Autre indice de la montée en puissance de Laqlouq : les prix des terrains. Ils sont en constante augmentation depuis 2008 : il y a cinq ans, il était encore possible de dénicher des parcelles à partir de 30 dollars le mètre carré, alors qu’aujourd’hui, le prix du foncier varie facilement entre 150 et 350 dollars par mètre carré, selon l’emplacement et la taille des terrains. « D’ici à cinq ans, les terrains pourraient atteindre 600 à 700 dollars par mètre carré », soutient Joe Yazbeck.

Environnement idéal

De l’avis de tous, c’est la construction d’une nouvelle route asphaltée entre Mar Charbel (Annaya) et Laqlouq, qui a considérablement changé la donne. Depuis l’achèvement de ce tronçon par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) en 2012, il est possible de rallier Laqlouq depuis Jbeil en trente minutes. « Une autre portion de route qui mènera jusqu’au Haut-Laqlouq, dont le coût est de six millions de dollars, est aussi sur les rails », explique Nadim Comair. « Le développement immobilier d’une région n’est possible que si elle est bien desservie », explique Jade Zoghaib, directeur associé du groupe JSK Real Estate, qui prend en charge la vente et le marketing du projet Vie Laqlouq. Les habitants de la région ont ainsi redécouvert Laqlouq, qui avait connu sa petite heure de gloire dans les années 1960-70 avec l’inauguration de la station de ski, avant d’être ensuite délaissée depuis la guerre civile. Avec ses paysages bucoliques encore épargnés par la fièvre immobilière, sa centaine de lacs artificiels, son microclimat, et ses vues sur la montagne et parfois sur la Méditerranée, Laqlouq jouit d’un environnement idéal. « Les constructions sont éparpillées sur tout le plateau et les propriétaires de la région n’ont pas bâti de manière effrénée. Chacun cultive bien son jardin », estime le promoteur Jihad Tarabay, propriétaire du projet Tannourine 2025. « Il est vital de ne pas dénaturer cette région. Nous encourageons les propriétaires de terrain à ne pas construire plus d’un étage et demi et à planter des arbres sur leurs parcelles avant de les vendre ou de les bâtir », insiste Nadim Comair. « Ceux qui désirent profiter de la nature en montagne ne peuvent plus le faire à Kfardebiane, qui est presque devenue une ville, avec des dizaines de projets en construction. Laqlouq est beaucoup plus authentique », note le promoteur Joe Yazbeck.

Des tarifs abordables

Les prix au mètre carré sont aussi beaucoup plus accessibles qu’autour de la station de ski du Kesrouan. À Kfardebiane, les tarifs débutent à 1 800 dollars le mètre carré, contre 1 450 dollars à Laqlouq. Les prix les plus élevés ne dépassent pas 2 500 dollars le m², soit deux fois moins qu’à Ouyoun el-Simane, près des pistes de ski. Les tailles proposées à Laqlouq sont aussi plus petites, avec des studios de 50 m² à partir de 75 000 dollars, et la grande majorité des unités ne dépasse pas 300 000 dollars. « Laqlouq intéresse toute la clientèle de Jbeil, et plus largement du nord du Liban. La région était jusqu’ici sous-développée, alors qu’il existe une forte demande. Elle est en nette augmentation », affirme Jade Zoghaib. « Une grande partie des acheteurs de chalets dans la région sont des Libanais expatriés, qui disposent d’un plus grand pouvoir d’achat que les locaux. Certains sont des investisseurs qui espèrent réaliser des plus-values en revendant leurs unités une fois que la région connaîtra son essor », soutient pour sa part le promoteur Joe Yazbeck. « Les acheteurs dans la région sont majoritairement des familles, qui sont plus intéressées par une résidence pendant les mois d’été, plus qu’en hiver. Les jardins sont très demandés », explique le promoteur Jihad Tarabay. Différentes activités sont organisées l’été, en particulier par l’équipe de l’hôtel Shangri-La (escalade, randonnée, équitation, tir à l’arc…). « Les clients aiment aussi passer des week-ends l’hiver, même s’ils ne skient pas », assure Jade Zoghaib. La station de ski, qui appartient à la famille Saab, ne dispose que de sept pistes, et son ouverture reste aléatoire. Ces deux dernières années, elle a seulement été accessible un peu plus d’un mois, en raison du manque de neige. Les pistes se situent à une altitude de 1 640 à 1 913 mètres, alors qu’à Kfardebiane, elles débutent à 1 730 mètres et atteignent jusqu’à 2 463 mètres au sommet du Mzaar. D’autres activités sont cependant demandées : le ski de fond, les raquettes, ou même le ski-doo.

Laqlouq, futur Kfardebiane ?

La croissance de la région ne devrait pas être aussi fulgurante qu’à Kfardebiane, qui a connu un développement sans précédent en dix ans. « Laqlouq est une région d’avenir, mais son développement prendra du temps. La demande est constante, mais les ventes y restent assez lentes », explique Chahé Yérévanian, le PDG du groupe Sayfco, qui a vendu plus du tiers des Rives de Laqlouq, huit mois après le lancement de la campagne marketing en juin 2014. Un certain nombre de promoteurs scrutent le développement immobilier dans la région avant de se lancer dans de nouveaux projets commerciaux. Les futures constructions devraient davantage se situer dans la partie inférieure de Laqlouq, où les coefficients d’exploitation sont plus favorables (zones A et B).
L’essor de la région dépendra aussi de l’amélioration des infrastructures, qui restent encore insuffisantes (routes, réseau d’eau potable, égouts). Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la physionomie du plateau va considérablement changer d’ici à 2020, avec l’apparition de petits villages résidentiels. Laqlouq, qui ne compte qu’une petite station d’essence, quelques supérettes et petits haltes gourmandes, comportera des hôtels, beaucoup plus de restaurants, des clubs de gym, des boutiques… et même une boîte de nuit avec un rooftop !




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