L’ancienne destination à la mode à Beyrouth n’arrive pas à se relever du boom de la restauration à Mar Mikhaël et à Badaro. Depuis 2010, les fermetures rue Gouraud se succèdent les unes
après les autres. La rue compte de nombreuses vitrines abandonnées. Les loyers sont en chute libre et la demande est quasiment nulle. Quel avenir pour Gemmayzé ?

De 2003 à 2010, Gemmayzé a connu un boom spectaculaire avec la multiplication des restaurants, cafés et bars. Le quartier est devenu rapidement la destination préférée des Beyrouthins. Cet essor avait commencé timidement avec l’ouverture du restaurant fusion Foodyard en 2003, puis du café Torino Express en 2004. Parallèlement, le succès de la rue Monnot s’est essoufflé. Les restaurateurs ont jeté leur dévolu sur la rue Gouraud. Les anciens locataires, souvent des artisans, sont éjectés. Le moindre recoin (premier étage, sous-sol, entresol) est loué. L’engouement a été spectaculaire.
Les loyers ont monté en flèche et ont atteint 600 à 700 dollars le m2 annuel. Mais à partir de 2010, la notoriété de Gemmayzé commence à s’effriter. Les restaurateurs misent désormais sur Mar Mikhaël où les loyers sont moins chers. En parallèle, Badaro devient, dès 2013, une destination appréciée des professionnels de la restauration.
Ainsi, depuis 2013, Gemmayzé est en perte de vitesse. C’est même l’hécatombe. Les fermetures se succèdent : Treesome, Chili’s, The Angry Monkey, La Tabkha, Lord of the Wings et Le Rouge. Les locaux ne se louent plus. La multiplication des affiches “à louer” sur les vitrines n’y change rien. La demande est timide.
Pourtant, la restauration n’a pas totalement disparu de Gemmayzé, il y reste quelques enseignes de renom : Myu, Couqley, Torino Express, Urbanista, Margherita, Olio, Ginette, Zaatar W Zeit, Kahwet Leila. En parallèle, le nouveau venu Tabliyet Massaad fonctionne bien.
Ce qui prouve que l’adresse n’est pas morte pour des enseignes avec des concepts innovants et qu’il y a toujours une attente.
Surtout que les loyers sont devenus très intéressants, parmi les plus bas d’Achrafié.
Actuellement, une vingtaine de locaux sont disponibles à la location le long de la rue Gouraud. Les valeurs demandées varient en fonction de l’emplacement de 250 à 400 dollars le m2 par an. Mais après négociation, les bonnes affaires sont possibles comme cet ancien restaurant affiché à 3 000 dollars par mois en 2014 et loué en 2016 à 2 000 dollars par mois, soit une baisse de 33 %. Les axes secondaires (Pasteur, Mar Maroun, Hayek et Sainte-Famille) de la rue Gouraud sont encore plus attirants avec des loyers de 200 à 250 dollars le m2 annuel.
Finalement, Gemmayzé demeure une adresse commerciale à ne pas négliger. Si effectivement, elle n’est pas à la mode et que s’y garer reste difficile, le quartier peut satisfaire des demandes spécifiques de la part de commerçants à la recherche de locaux pas chers pour des activités liées à l’art, le design, l’habillement, etc. L’adresse pourrait être idéale pour de jeunes compagnies qui sauront attirer une clientèle via les réseaux sociaux.
Il ne faut non plus exclure un retour de Gemmayzé comme nouvelle adresse des noctambules. Mar Mikhaël ayant atteint son pic de maturité, les disponibilités y étant limitées et les loyers y étant trop élevés, certains restaurateurs pourraient être tentés de miser à nouveau sur Gemmayzé qui offre des tarifs attractifs et des locaux disponibles.