Situé au sud-est du centre-ville, Saifi Village est un quartier particulièrement singulier à Beyrouth.

Construit à la fin des années 1990, il fut l’un des projets résidentiels pilotes de Solidere. Saifi Village a depuis bénéficié d’une réelle notoriété tant commerciale que résidentielle.
Toutefois, l’essor observé de 2000 à 2010 tend à s’essouffler à l’image du ralentissement du marché immobilier actuel à Beyrouth : les prix des appartements sont en baisse, l’activité commerciale patine, de nombreux locaux sont vacants, les loyers commerciaux sont en chute, le projet 178 Saifi a été mis à l’arrêt alors que Saifi Square a été annulé et rebaptisé Saifi Plaza.
Surveillé par des agents de sécurité, Saifi Village s’affiche comme un petit complexe semi-privé à l’intérieur de Beyrouth avec des aménagements urbains soignés. Le quartier revendique une réelle originalité urbaine en associant une quinzaine de nouveaux immeubles d’appartements dans un cadre traditionnel artificiel associé à quelques anciens bâtiments rénovés.
L’autre spécificité de Saifi Village est d’avoir été l’un des premiers quartiers haut de gamme à proposer de petites surfaces résidentielles de 170 à 220 m2. Solidere a eu dix ans d’avance sur la tendance du marché. Si à l’époque, le stock a mis du temps à s’écouler, aujourd’hui ses surfaces répondent parfaitement à la demande.
Les valeurs ont triplé en quatorze ans, la moyenne des prix est passée de 2 100 dollars le m2 en 2000 à 6 250 dollars le m2 en 2015.
Actuellement, les reventes restent rares et seul le projet District//S propose des appartements neufs sur le marché.
En revanche, Saifi Village s’anime essentiellement sur le marché locatif en fonction de la demande locale et des ressortissants étrangers qui apprécient l’adresse et son cadre.
Fin 2004, la structure commerciale de Saifi Village s’est orientée vers les arts avec la multiplication des salles d’exposition et d’ateliers de designers. La stratégie de Solidere s’est révélée gagnante. La destination est appréciée par les noms connus comme Nada Debs, Johnny Farah, Alwane ou Step.
Malheureusement depuis quelques années, le concept commence à s’essouffler et de plus en plus de locaux ferment sans trouver de repreneurs. Même constat pour les boutiques le long de la rue de Damas, particulièrement le rez-de-chaussée de l’immeuble Saifi Village II qui est quasiment vide. Seulement, deux banques y ont ouvert des agences. Étant donné qu’il est impossible de s’y garer, le potentiel commercial de cette partie de Saifi Village reste limité.
À l’opposé, une nouvelle dynamique a été observée à la limite nord du quartier, rue Gouraud. Le regroupement de trois restaurants Harry’s Bar, Burgundy et Gilt dans l’immeuble Saifi 752 a créé un coin très haut de gamme. Leur objectif est de perdurer dans le temps et ne pas être un effet de mode passager.
Si le cœur de Saifi Village est agréable et apprécié, vivre en bordure du quartier a perdu de son charme. C’est son talon d’Achille. Encerclé de grands axes routiers (le ring, l’avenue Georges Haddad et la rue de Damas au niveau de la place Debbas), beaucoup de logements sont exposés au bruit et sont moins recherchés.
Dans ces conditions, l’avenir de Saifi Village semble s’orienter vers des projets d’affaires et pourrait également devenir – si Solidere le permettait – une adresse touristique avec des hôtels. Ces deux options sont les seules qui peuvent s’accommoder des nuisances des artères voisines.
La meilleure illustration en est l’arrêt du projet résidentiel Saifi Square au sud-est de Saifi Village, le long du ring et de Georges Haddad qui était pourtant sur le marché pendant cinq ans. Finalement, le projet a été rebaptisé Saifi Plaza pour devenir un projet d’affaires avec des bureaux et des commerces..