Depuis plusieurs années, l’immobilier d’entreprise connaît une belle embellie avec la multiplication des projets de bureaux dans la première ceinture de Beyrouth, de Hazmié à Dbayé en passant par Bauchrié et Zalka.
D’imposants centres d’affaires comme Fourty Four, Boulevard Heights, Crystal Towers et Plaza sont en train de redistribuer les cartes sur l’échiquier des destinations traditionnelles au sein du Grand Beyrouth.
Parmi les quartiers où la dynamique est la plus forte, Sin el-Fil ne cesse de s’imposer comme une adresse d’affaires de qualité capable de concurrencer les immeubles de bureaux du centre-ville, de Ras Beyrouth, de Charles Malek et de Adlié.
Avoir un bureau à Sin el-Fil est de plus en plus recherché et apprécié. Pourtant, le secteur est depuis longtemps un pôle d’affaires, mais son stock était ces dernières années vieillissant, dégradé et mal entretenu.
Les immeubles terminés au cours des dix dernières années comme Beirut Symposium, Sin el-Fil 210, Marc 1, Qubics, Sin el-Fil 549 et Makdissi 4 lui ont redonné un coup de jeune et ont séduit une nouvelle clientèle qui n’était pas auparavant spécialement attirée par Sin el-Fil.
Le quartier a l’avantage d’être au cœur de l’agglomération beyrouthine, ce qui permet aux compagnies d’avoir un bureau à égale distance pour ses employés quel que soit leur lieu de résidence. Toutefois, le point noir reste l’encombrement quotidien des cinq axes (Mkallès, Saloumé, Jisr el-Wati, Jisr el-Bacha, Chevrolet) qui mènent à Sin el-Fil.
Les promoteurs ont habilement réussi à repositionner Sin el-Fil comme une alternative pour des sociétés à la recherche des bureaux de catégorie A, c’est-à-dire des produits propres, fonctionnels avec des entrées soignées, des places de parking et des facilités. Les immeubles sont gérés de façon professionnelle. Par exemple, Beirut Symposium pourtant situé le long d’une rue secondaire derrière l’hôtel Hilton propose des prestations à faire rougir le Starco et le Gefinor avec un lobby élégant, une salle de conférences, une cafétéria, des espaces verts et un vaste stock de parkings.
Pour des services de qualité, les clients sont prêts à payer le prix. Ainsi, les loyers de Sin el-Fil rivalisent avec ceux de la capitale. Un bureau neuf se négocie entre 250 et 300 dollars le m2. Les produits demandés sont surtout de petites surfaces de 75 à 100 m2. Mais de larges espaces de 500 à 1 500 m2 restent disponibles et peuvent inciter de grosses sociétés à se délocaliser hors des quartiers d’affaires traditionnels de Beyrouth vers des espaces plus grands, plus modernes et avec plus de facilités de parking.
À l’opposé, les bureaux mal entretenus et situés dans des immeubles défraîchis sont moins attractifs, mais trouvent toujours une clientèle aux budgets serrés.
Sin el-Fil est également actif sur le marché de la vente. La moyenne des prix demandés varie de 3 500 à 4 000 dollars le m2. Mais les très bons produits peuvent monter à 4 500 dollars le m2 comme les bureaux neufs dans des immeubles standard peuvent descendre à 3 000 dollars le m2.
Ces tarifs placent Sin el-Fil parmi les adresses d’affaires haut de gamme de la capitale avec des prix similaires, voire supérieurs à ceux demandés à Achrafié et le long de la Corniche du Fleuve.
Ces valeurs font le bonheur des investisseurs qui, en mettant leur bien sur le marché locatif, visent une rentabilité de 5 à 7 % annuelle.
Il reste une inconnue de taille. Le stock actuellement en construction ajouté aux invendus et aux bureaux non loués commence à s’accumuler. Dans une conjoncture économique morose, la dynamique actuelle pourra-t-elle continuer longtemps ?