Embaucher des réfugiés pour qu’ils cuisinent les plats traditionnels de leur pays d’origine, c’est l’idée d’entreprise numérique solidaire que les Libanais Manal et Wissam Kahi ont lancée à New York. Eat OffBeat qui compte aujourd’hui une douzaine d’employés, dont six cuisiniers, propose des spécialités syriennes, irakiennes, népalaises, érythréennes et tibétaines pour environ 20 dollars le repas (salade, plat et accompagnement). Pas de salle de restaurant, Eat OffBeat est un site Web, où les clients peuvent découvrir le parcours des réfugiés ainsi que des notices expliquant les plats proposés avant de passer leur commande. La nourriture est ensuite préparée dans une cuisine de centrale où les chefs ont reçu une formation pour apprendre à préparer de grandes quantités, et livrée à travers la ville. Pour le moment, seules sont acceptées les commandes groupées pour dix personnes ou plus. « Depuis le lancement en novembre dernier, nous avons eu plus de 750 commandes et nous espérons répondre aux demandes individuelles d’ici à quelques mois », dit Wissam Kahi.
Manal et Wissam n’avaient pas du tout prévu de se lancer dans la restauration, lui est consultant en management et elle, experte en politique environnementale. Eat OffBeat est le fruit d’un hasard. Quand Manal arrive aux États-Unis en 2013, elle est déçue par le hommos qu’elle achète dans la grande distribution. Elle décide alors d’en préparer elle-même. « Ça a été un vrai succès, tous mes amis en voulaient », dit-elle. Wissam y voit une opportunité commerciale. Ils cherchent alors qui pourrait préparer du bon hommos. « J’ai tout de suite pensé aux réfugiés syriens, dit Manal. Et puis l’idée s’est étendue à d’autres nationalités et d’autres spécialités. »
Pour concrétiser leurs ambitions, Manal et Wissam, qui ne souhaitent pas donner de chiffres, investissent d’abord sur fonds propres avant de recevoir le soutien du Centre Tamer pour l’entrepreneuriat social de l’Université de Columbia à New York. Pour respecter leur engagement social, les cuisiniers-réfugiés sont payés environ 50 % de plus que le salaire minimum. Les fondateurs espèrent pouvoir bientôt étendre leur concept à d’autres villes des États-Unis.