À l’instar d’autres conférences comme BDL Accelerate ou prochainement ArabNet, la conférence “Global Business Summit”, organisée un peu avant les fêtes par les réseaux d’entrepreneurs et de financiers Endeavor et Life Liban, fait partie de ces événements où tout est mis en œuvre pour montrer l’écosystème libanais des start-up sous son meilleur jour.
Le défi : convaincre un parterre de Libanais de l’étranger que Beyrouth est un lieu d’avenir dans lequel ils devraient investir. En première ligne, le chef d’orchestre de la circulaire 331, Riad Salamé, gouverneur de la Banque centrale. « Le secteur de l’économie digitale a enregistré entre 7 et 9 % de croissance annuelle ces dernières années. Pour nous, c’est une priorité, nous voulons être le premier pays de la région dans ce domaine », a-t-il affirmé.
Actuellement, le Liban se tiendrait à la deuxième place régionale. Selon le réseau Endeavor, l’écosystème libanais est celui du Moyen-Orient qui reçoit le plus de fonds de la part de fonds d’investissements, après les Émirats arabes unis et loin devant l’Arabie saoudite et l’Égypte.
Le directeur du réseau, Tarek Sadi, n’y est pas allé par quatre chemins : « Mon message aujourd’hui aux expatriés est clair : pensez au Liban, car vos ambitions peuvent se réaliser ici. »

Faiblesses structurelles

Le Liban toutefois reste handicapé par des faiblesses structurelles qui depuis des années poussent les entrepreneurs à émigrer pour réussir.
Lors des différents panels de la conférence, ces problèmes ont été clairement pointés du doigt par les intervenants venus de l’étranger. L’instabilité chronique du pays, la faiblesse de la connexion Internet, mais aussi un manque de ressources humaines et d’infrastructure permettant réellement de développer des produis innovants.
« Nous avons au Liban des personnes intelligentes, mais pas forcément bien formées, constate ainsi Élie Habib, cofondateur de la plate-forme Anghami. Souvent, les étudiants sont formés pour des emplois d’il y a dix ans. »  Même son de cloche pour Hind Hobeika, créatrice des lunettes de natation connectées InstaBeats, qui explique que c’est bien le manque de compétences locales en design produit qui l’a poussée à travailler avec des équipes californiennes.
Plusieurs initiatives sont en cours pour faire face à ce manque de ressources, comme par exemple la Innovation Factory, lancée en début d’année pour aider les entrepreneurs libanais à développer des prototypes ou encore le nouveau programme, Innovation et Entrepreneuriat, mis en œuvre par l’Université américaine de Beyrouth.

Nécessaire entraide

Plutôt que de tabler sur un retour de la diaspora et de ses capitaux, le Liban pourrait surtout bénéficier d’une dynamique d’entraide et d’une main tendue de sa diaspora, estiment certains.
« Il faut changer un peu sa culture d’entreprise. Tout ne tourne pas autour de soi, il faut comprendre que dans le monde des affaires, l’entraide est essentielle »,  explique Alexandre Asseily, fondateur de l’entreprise d’appareils connectés Jawbone et président exécutif des sociétés Chiaro (e-santé) et State (nouveaux médias).
« Le Liban est une base, pas un marché. Il faut démarrer sa start-up ici et se développer à l’étranger, le marché étant limité en raison de la taille de sa population », souligne pour sa part Delphine Eddé, cofondatrice de Diwanee.