Quelque 7,4 millions de dollars de revenus supplémentaires et 138 créations d’emplois : voici en deux chiffres le bilan de la première année d’activités du Lebanon UK Tech Hub.
Lancé en avril 2015, ce partenariat entre la Banque du Liban (BDL) et le Royaume-Uni vise à stimuler la croissance de jeunes entreprises au Liban. Le programme, entièrement subventionné par la circulaire 331 de la BDL, se déroule en deux phases : une période d’incubation à Beyrouth, puis, pour une partie des entreprises sélectionnées, une session de développement international au cœur de la Tech City de Londres.
Pour son premier cycle, le UK Lebanon Tech Hub a accueilli 45 entreprises qui ont attiré plus de 4,4 millions de dollars d’investissements. Bluering, une entreprise spécialisée dans les prêts bancaires, est l’une d’entre elles. « Au début j’étais hésitant, mais au terme de l’aventure, je peux sincèrement dire que rien n’a jamais eu autant d’impact sur mon travail, dit Farès Kobeissi, PDG de la société Bluering. C’est simple, mon entreprise a connu une croissance de 200 % en 2015 et pour 2016 nous prévoyons 250 %. » Kobeissi, qui a lancé son entreprise en 2007, a participé à toutes les activités proposées par le Tech Hub et mis en place les conseils au fur et à mesure.

Fuite des cerveaux

Le succès de l’accélérateur libano-britannique suscite cependant des critiques : « Les Britanniques organisent la fuite des cerveaux à leur profit. Ils repèrent les meilleurs potentiels et leur ouvrent les portes de Londres. Si ces jeunes talents ont le marché européen à leur portée, pourquoi revenir au Liban ? » dit un entrepreneur présent lors de la cérémonie, mais qui souhaite garder l’anonymat. « Tout ce que nous faisons a pour but de créer de la richesse et de l’emploi au Liban. Nous travaillons pour l’économie libanaise », assure cependant Colm Reilly, directeur du Lebanon UK Tech Hub qui, pour sa deuxième session, a enregistré 160 candidatures venant de 12 pays.

Les 25 nouveaux élus

Parmi elles, des postulants américains, français, saoudiens ou encore yéménites, ce qui semble indiquer que le Liban se positionne de plus en plus comme une destination pour les entrepreneurs du monde entier. Les gagnants sont : Akhtaboot, Artscoops, Bid Affairs, Carpolo, ChefXChange, Electronic Spaces, Elementn, Figurit, Hereweapp, Integrated Digital Systems, Jellyfish, Kamkalima, LifeLab BioDesign, MomAdvice, Outswitch, Play My Way, Publiseek, Riego, Shipili, Smarke, SmartSource, Sympaticus, Ticklemybrain, Tragging et Vanrise Solutions. Cette année, les organisateurs ont souhaité privilégier trois grands secteurs d’avenir : la fintech ou la finance numérique, le bien-être qui regroupe les innovations liées à la santé et au corps, et enfin le commerce en ligne.

Cap sur 2025

Le Lebanon UK Tech Hub n’est pas prêt de s’arrêter là. « Nous allons encore plus loin », a ainsi déclaré l’ambassadeur britannique au Liban Hugo Shorter. En plus de Londres, les organisateurs souhaitent donner bientôt la possibilité aux entrepreneurs de s‘immerger dans les écosystèmes de Paris et de la Silicon Valley. L’accélérateur ambitionne de plus de devenir une référence en recherche et développement via la création d’une fondation de recherche internationale qui accueillerait entrepreneurs, étudiants et mentors du monde entier. « Nous voulons transformer l’économie du savoir au Liban », dit ainsi Marianne Hoayek, directrice exécutive de la Banque du Liban. Objectif affiché pour 2025 : créer 25 000 emplois et faire du Liban l’un des dix pays les plus attractifs au monde pour les start-up.
Atout diaspora

L’anniversaire d’UK Lebanon Tech Hub était aussi l’occasion de la sortie d’un rapport sur l’avenir de l’économie numérique au Liban. Ce rapport, qui compare le Liban à d’autres petits pays qui ont su se positionner à la pointe de l’innovation, comme l’Estonie, la Lettonie, l’Irlande ou encore Israël, rappelle les atouts dont dispose le pays du Cèdre pour se faire une place au soleil. La diaspora notamment est un vivier d’opportunités pour l’avenir, car elle garantit aux entrepreneurs libanais une porte d’entrée sur les marchés internationaux. Il y aurait 81 Libanais parmi les 500 personnalités arabes les plus influentes au monde. La diaspora est aussi une source de financement potentielle pour les entrepreneurs libanais. Le rapport note que les envois de fonds étrangers envers le Liban sont en augmentation constante, passant de 2,54 milliards de dollars en 2002 à 6,92 milliards en 2012 et 7,7 milliards en 2014. Le pays est ainsi le 18e plus gros bénéficiaire de transferts de fonds à l’échelle mondiale. Ces transferts atteignent 16,2 % du PIB national, un des ratios les plus élevés au monde.