Un article du Dossier

Le marché des motos : une croissance à deux chiffres

Fondée en 2014, l’association des agents de deux-roues baptisée Lama (Lebanese Association of Motorcycle Agents), s’est fixé comme priorité l’application du nouveau code de la route. « Il va permettre non seulement de mieux organiser le secteur, mais de résoudre de nombreux problèmes, liés à la circulation, la sécurité, la facture énergétique et la pollution », explique Nicolas Boukather, secrétaire général de l’association. Surtout, la loi 243 du 22/10/2012, entrée en vigueur de décembre 2012 à janvier 2013 seulement, interdit l’importation des deux-roues usagés de moins de 125 cm3 et ceux dont les moteurs ont plus de trois ans, pour les plus grosses cylindrées. À l’heure actuelle, les importations de deux-roues usagés sont estimées à quelque 70 000 par an. Il s’agit pour la plupart de petites cylindrées de moins de 125 cm3, souvent importées en pièces détachées des pays asiatiques et assemblées localement. Ces scooters, vendus autour de 600 dollars en moyenne, créent une concurrence déloyale sur le marché du bas de gamme, déplorent les commerçants de motos neuves dont le prix hors enregistrement commence à 900 dollars pour les moins chères. Sans compter qu’une grande partie de ces véhicules ne sont pas enregistrés – près de 50 000, selon les estimations – tandis que les propriétaires des 20 000 restants paient moins de frais, en raison de falsifications concernant l’année de fabrication. « En moyenne, les frais d’enregistrement et de mécanique d’une moto neuve s’élèvent à 880 dollars sur cinq ans. Les scooters en question paient, eux, 450 dollars de moins sur la période », précise Anthony Boukather. Quelques semaines avant sa démission, le cabinet de Nagib Mikati a annoncé le 27 février 2013 la suspension de l’application du code. Une décision qui a fait l’objet d’un recours devant le Conseil constitutionnel déposé par les ONG Yasa, Kunhadi et Roads for Life, ainsi que le bureau de l’ancien ministre Ziyad Baroud. Les sages leur ont donné raison (avis 214 du 16/05/2013). Une lettre est alors envoyée le 6 août 2013 par le ministre des Finances démissionnaire, Mohammad Safadi, demandant aux douanes d’appliquer la nouvelle loi. Dans sa réponse, six mois plus tard, le 5 février 2014, le directeur des douanes, Chafic Merhi, recommande un nouveau délai, invoquant notamment d’importantes commandes de scooters passées avant l’entrée en vigueur de la loi. Des arguments rejetés par l’association des importateurs de motos qui accuse les autorités douanières de collusion avec les importateurs des scooters en pièces détachées (baptisées CKD pour Complete Knocked Down), dominés par trois grands acteurs, dont la société de Wassim Akkad. À elle seule, celle-ci écoulerait chaque année une vingtaine de milliers de scooters assemblés sur le marché local. La plupart des quelque 90 conteneurs de scooters bloqués au port début 2014 lui appartiendraient, selon la Lama. Ces derniers ont d’ailleurs fini par être déchargés, le 8 février 2014, une semaine avant la formation du nouveau gouvernement de Tammam Salam. Le ministre Mohammad Safadi avait alors approuvé la suggestion du directeur des douanes autorisant la reprise des importations de deux-roues usagés. « Nous attendons du ministre actuel des Finances qu’il envoie une lettre aux douanes pour que la loi soit appliquée de nouveau », insiste Nicolas Boukather, secrétaire général de la Lama.
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