La municipalité de Beyrouth souhaitait lancer la construction d’un grand marché pour les vendeurs de fruits et légumes à Kaskas. Mais le projet a été mis en veille en raison de blocages politiques et semble renvoyé aux calendes grecques.

Le grand projet de marché de fruits et légumes souhaité par la municipalité de Beyrouth n’est pas encore pour demain. Il y a deux ans, la municipalité avait sélectionné un terrain de 10 000 m² dont elle était propriétaire à Kaskas – entre le rond-point Chatila et le rond-point Tayyouné – où elle projetait de construire un « nouveau marché pour les détaillants de fruits et légumes conçu comme un mall moderne », selon le président de la municipalité, Bilal Hamad. La municipalité avait même finalisé en 2013 une étude préliminaire de design : sur 45 000 m² de surfaces construites, le marché devait s’étendre sur trois étages avec des ascenseurs. Il devait comprendre plus de 350 stands de fruits et légumes, des chambres de stockage, notamment réfrigérées, des laboratoires pour tester la qualité des produits, des cafés et des restaurants, des aires de jeux pour les enfants, ainsi que trois étages de parking pouvant contenir 500 véhicules. La gestion du marché devait revenir au Syndicat des détaillants de fruits et légumes, qui réclame la création de cet espace de longue date, et a régulièrement menacé de fermer les marchés de gros à Beyrouth, si le projet n’aboutissait pas. « C’était un projet bien étudié, mais des éléments liés au Hezbollah nous ont signifié qu’ils y étaient hostiles », explique Bilal Hamad au Commerce du Levant. « Ils redoutent de nouveaux embouteillages et une mauvaise gestion des ordures à la porte de la banlieue sud », poursuit le président de la municipalité. Une version démentie par le service de presse du Hezbollah, selon qui le parti « n’est pas responsable de l’arrêt du projet », sans plus de précisions.
L’un des buts affichés de ce nouveau projet était de « nettoyer » la capitale des vendeurs ambulants de fruits et légumes. « Ces vendeurs n’auront plus de raison d’être puisqu’ils auront un lieu qui leur sera entièrement dédié », explique Bilal Hamad. « Les prix des fruits et légumes seront les plus compétitifs de la capitale, ce qui attirera beaucoup de consommateurs », poursuit le président de la municipalité. La procédure d’appel d’offres pour le marché de Kaskas qui devait être lancée à la mi-2014 a été stoppée, et la municipalité a sélectionné un nouveau terrain de 8 500 m², dans le quartier de Tarik Jdidé, à Ard Jalloul. Elle doit encore obtenir l’aval du Conseil des ministres avant de pouvoir procéder à une expropriation sur le terrain concerné. Une parcelle qui coûterait environ 30 millions de dollars, auxquels viendraient s’ajouter 20 millions de dollars pour la construction du marché. « Nous devrons réaliser une nouvelle étude, mais le concept restera le même. Il ne faut pas s’attendre à ce que le marché voit le jour en 2015 », prévient le président de la municipalité de Beyrouth.