Un article du Dossier

Chiffres-clés 2013 : l'économie au rythme de la crise syrienne

Béquille traditionnelle de l’économie libanaise, le tourisme figure parmi les principales victimes des soubresauts politico-sécuritaires résultant de la crise syrienne. Selon le ministère, 1 274 362 visiteurs ont été enregistrés au Liban en 2013, soit une baisse de près de 7 % par rapport à une déjà calamiteuse année 2012, et presque
900 000 touristes de moins qu’en 2010. Il s’agit de la plus faible performance des six dernières années en valeur absolue, et ce en dépit d’initiatives contra-cycliques comme la campagne promotionnelle “50 % de réductions pendant 50 jours dans les secteurs touristiques” lancée en janvier par le ministère du Tourisme en collaboration avec les principaux acteurs du secteur.
Comme les deux années précédentes, cette baisse illustre la dépendance du secteur vis-à-vis des touristes arabes. Après avoir diminué de 21 % sur l’année 2012, leur nombre a chuté à nouveau de 12,2 % à 402 080 arrivées. Un désintérêt lié en grande partie à l’obstruction de la voie terrestre par le conflit syrien et aux appels répétés de la plupart des gouvernements du Conseil de coopération du Golfe à éviter la destination libanaise. Résultat : pour la première fois de la décennie, le Liban a enregistré davantage de visiteurs en provenance du Vieux Continent, malgré une baisse annuelle de 2,4 % à
433 990 arrivées. Celles en provenance des continents américains et asiatiques ont, quant à eux, connu une baisse plus prononcée, respectivement de 5,2 % et 7,5 %, tandis que les arrivées africaines sont les seules à avoir timidement progressé sur l’année, passant d’environ 61 000 à près de 65 000 arrivées. Les visites d’expatriés constituent par ailleurs, avec le flot de réfugiés syriens, le principal facteur de décorrélation entre le nombre de touristes et le nombre de passagers enregistrés à l’aéroport de Beyrouth qui, lui, est en hausse de près de 6 % sur l’année ; avec toutefois une croissance plus rapide des départs (6,7 %) que des arrivées (+4,6 %).
La sinistrose continue par conséquent de frapper le secteur hôtelier : selon le cabinet de conseil Ernst & Young, le taux d’occupation moyen des hôtels de Beyrouth a encore baissé de 3 points à 51 %. Seules Le Caire et Manama font moins bien parmi les capitales de la zone Mena. Une érosion qui, lorsqu’elle ne se traduit pas par des fermetures d’établissements, conduit leurs gérants à rogner ultérieurement sur leurs marges : le tarif moyen par chambre a baissé de 15,7 % tandis que les revenus par chambre disponible ont diminué de 20,8 % à 87 dollars.
Si certains observateurs ont pu estimer qu’une embellie semblable à celle qui avait suivi les accords de Doha reste envisageable en cas de résolution du conflit syrien, le Conseil mondial du tourisme et du voyage table même sur un renforcement de la contribution du secteur à la croissance libanaise en 2014. La tendance observée sur les deux premiers mois de l’année n’est pourtant guère encourageante : le nombre de touristes enregistrés sur la période a chuté à nouveau de 13 % en rythme annuel...


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