Malgré la perduration des tensions politico-sécuritaires, le secteur des transports affiche une forme relativement enviable due en grande partie à certaines externalités positives de la crise syrienne sur la demande locale. Un constat à nuancer selon le type d’activité.

Port de Beyrouth : des recettes florissantes

Comme en 2012, la très légère baisse du nombre de navires enregistrés (-0,4 %) contraste singulièrement avec la plupart des indicateurs de l’activité du port de Beyrouth qui a globalement bénéficié du détournement des routes commerciales maritimes de la Syrie vers le Liban, de l’augmentation de la consommation nationale et de l’achèvement de la première partie des travaux d’extension de son terminal à conteneurs (voir Le Commerce du Levant n° 5642). Les conteneurs traités ont augmenté de plus de 7 % sur un an et dépassé la barre du million d’EVP (équivalent vingt pieds) pour la troisième année consécutive. Une croissance impulsée par la hausse des conteneurs destinés au marché “local”, en augmentation de 19 % et dépassant désormais les deux tiers du total. Le volume de marchandises entrées sur le territoire libanais a ainsi augmenté de 14,4 % à 8,3 millions de tonnes, tandis que le nombre de voitures traitées s’est accru de 7,9 %. A contrario, l’activité de transbordement affiche une baisse d’environ 12 % en rythme annuel, à 359 276 EVP, principalement en raison de la saturation du terminal de transbordement qui provoque une congestion du trafic.
L’amélioration la plus notable se situe du côté des recettes portuaires qui ont dépassé les 219 millions de dollars en 2013 (+25,4 %) grâce à l’augmentation des volumes importés mais également de la hausse des tarifs portuaires opérée dans le courant de l’année. Pour permettre au port de faire face à l’augmentation du coût de ses consommations intermédiaires et de la hausse des salaires de ses employés accordée l’année précédente, le ministère des Transports a en effet autorisé à partir du 15 juin 2013 – et pour la première fois depuis 2008 – une augmentation de 12 % en moyenne des droits d’accostage, de passage, de manutention et de magasinage.

Aéroport de Beyrouth : croissance maintenue

Après une année 2012 déjà florissante, l’aéroport de Beyrouth ne semble pas vraiment pâtir de l’affaissement du tourisme : 6,27 millions de passagers ont été enregistrés en 2013, une croissance de près de six points alimentés aussi bien par les départs (+6,7 %), qui restent majoritaires, que les arrivées (+4,6 %). L’utilisation de l’aéroport Rafic Hariri comme porte d’accès ou de départ de Syrie par ses ressortissants et la permanence des voyages des Libanais, résidents ou expatriés, constituent les deux principaux facteurs de cette activité. Quant au fret aérien, il a également augmenté de près de 26 % à environ 106 000 tonnes de marchandises transportées.
Seules ombres au tableau : la baisse d’environ 23 % du nombre de vols commerciaux et celle de 66 % du nombre de passagers en transit, à 16 243, un plancher jamais connu depuis la fin de la guerre civile. L’une des raisons de cette chute pourrait être la suppression, mentionnée par un article du Daily Star du 9 février 2013, de plusieurs lignes commerciales à destination d’Alep ou de Damas et qui utilisaient l’aéroport comme escale. Reste que cela n’affecte pas véritablement les revenus générés par l’aéroport dans la mesure où les passagers en transit sont exemptés de taxes aéroportuaires.

Voitures neuves : poursuite de la descente en gamme

Sur le marché automobile, l’année 2013 s’inscrit globalement dans la continuité de l’année précédente en affichant des résultats positifs en termes de ventes de véhicules neufs qui contrastent toutefois avec les alarmes des concessionnaires toujours plus inquiets pour leurs marges. Les ventes de voitures neuves ont continué d’augmenter légèrement à 36 109 véhicules (+1,78 %), un rythme néanmoins cinq fois inférieur à celui de 2012. Cette croissance a priori surprenante dans un contexte d’étiolement de la consommation s’explique en grande partie par plusieurs tendances lourdes. D’abord, la chute continue du marché de l’occasion, devenu pour la première fois minoritaire, et qui se traduit par une érosion continue des immatriculations globales de voitures importées : elles ont chuté de 27 % par rapport à 2010. Ensuite et surtout, l’accentuation du phénomène de déportation massive de la demande vers les petits gabarits qui affecte le marché depuis quatre ans. L’Association des importateurs automobiles avance que 90 % des ventes de voitures neuves auraient été réalisées sur ce créneau, entraînant une baisse du chiffre d’affaires des concessionnaires du fait de la non-compensation des effets prix par les volumes.
Les coréennes continuent de profiter de ces mutations pour asseoir leur domination avec une part de marché cumulée se stabilisant aux alentours des 45 %. Les marques européennes et américaines sont, elles, globalement en recul – respectivement de 2,4 % et de 11,2 % –, notamment en raison de l’absence de petites citadines dans certaines gammes, voire, s’agissant des premières, du maintien de l’euro fort. A contrario, les marques japonaises bénéficient de plus en plus de la dépréciation massive du yen et voient leurs résultats s’améliorer globalement de 5,5 %. Les chinoises sont les autres grandes bénéficiaires de l’engouement pour le “low-cost” avec un taux de croissance global de 63 % qui leur permet de dépasser les 2 % de parts de marché.
En ce qui concerne les véhicules à usage professionnel, si les achats des compagnies de taxis et agences de location subissent plus fortement l’impact de la baisse du tourisme, le segment des véhicules utilitaires connaît pour sa part une hausse annuelle de 3,3 %.