L’industrie du recyclage du verre ne s’est jamais véritablement relevée du bombardement par l’armée israélienne de l’usine MaLiban, dans la Békaa, principal acteur de ce secteur. La société recyclait jusqu’à 80 % du verre brun et vert issu des déchets libanais qu’elle transformait en bouteilles de bières pour Almaza ou de vins pour des producteurs de la Békaa. L’investisseur indien de MaLiban ne souhaitant pas investir 40 millions de dollars dans la réhabilitation de l’usine, celle-ci a été fermée. « Depuis 2006, 71 millions de bouteilles de verre brunes et vertes finissent en décharge chaque année », explique Ziad Abi Chaker, directeur général de Cedar Environmental, à l’origine de la Green Glass Recycling initiative Lebanon (voir encadré). Trois entreprises recyclent actuellement du verre, mais uniquement transparent. Soliver, qui n’a pas répondu aux demandes d’interview du Commerce du Levant, est la plus grande. Ses principaux clients sont des marques de boissons (Interbrand, Libanjus, Pepsi…). « Plus de 50 % de la production de Soliver provient de matériaux recyclés », estime Ziad Abi Chaker. Une grande partie des déchets sont achetés à la société Averda (propriétaire de Sukleen) à 50 dollars la tonne, selon le directeur général de Cedar Environmental. Deux autres sociétés installées à Tripoli, United Glass Products et KobGlass (connue aussi sous le nom de Golden Glass), transforment des bouteilles de verre usagées en pots, bocaux, ou “gallons” en verre. « Le secteur du recyclage du verre reste encore peu développé au Liban, car la fonte du verre à très forte température consomme beaucoup d’énergie et revient très cher dans le contexte libanais », explique Christ Der Sarkissian, responsable du programme de gestion des déchets à l’ONG Arcenciel. Du coup, l’industrie agroalimentaire achète les bouteilles transparentes de Soliver ou en importe de l’étranger. Les compagnies qui utilisent du verre brun ou vert sont elles forcées d’importer. « Les producteurs de vin importent les bouteilles d’Europe, tandis qu’une société comme Almaza achète ses bouteilles en Égypte ou en Arabie saoudite », précise Ziad Abi Chaker.

Du verre recyclé pour produire des objets artisanaux

Green Glass Recycling Initiative Lebanon (GGRIL) a été lancée il y a un an et demi par l’association Cedar Environmental, qui gère actuellement quatre centres de traitement des déchets dans le pays, en partenariat avec plusieurs municipalités. Cedar Environmental approvisionnait jusqu’en 2006 l’usine MaLiban en bouteilles de verre brunes et vertes, et depuis sa fermeture a continué de stocker des bouteilles. Depuis novembre 2013, elle les envoie dans les ateliers de la famille Khalifé, à Sarafand, dans le sud du Liban, l’un des derniers souffleurs de verre du pays, qui était sur le point de stopper ses activités. Les bouteilles de verre sont transformées en différents objets artisanaux (vases, lampes, carafes…). « Depuis le lancement de l’initiative, 220 tonnes de verre, soit l’équivalent de 977 000 bouteilles de bière, ont été réutilisées au lieu d’être jetées en décharge », affirme Ziad Abi Chaker. L’initiative GGRIL va encore se développer en 2016, avec la mise en service d’un camion, qui pourra collecter de
15 000 à 20 000 bouteilles de verre vertes dans le Grand Beyrouth par mois. « Les six frères de la famille Khalifé ont recruté des artisans syriens de Bab Touma (Damas) pour accroître la capacité de production de leur atelier et transformer une plus grande quantité de bouteilles. Le challenge sera ensuite de commercialiser tous ces nouveaux produits », estime Ziad Abi Chaker.