Indépendamment de toute considération morale ou légale, il est évident que l’activité économique est exercée naturellement par une tranche d’âge qui exclut d’une part les enfants et d’autre part les vieilles personnes.
La population active est un concept économique duquel sont tirées des considérations sur la productivité du travail ou le niveau de formation des ressources humaines. D’un point de vue purement quantitatif, la population active doit être appréciée en plusieurs étapes. Il faut d’abord mesurer la “population en âge actif” qui dépend de la structure démographique d’un pays donné. Il faut ensuite évaluer le “taux d’activité effectif”, c’est-à-dire le pourcentage de gens réellement actifs, qui participent à la production ou cherchent à y participer, par rapport aux résidents en âge actif. Il faut enfin distinguer, au sein de la population active, les actifs effectifs des chômeurs (involontaires), ce qui n’est pas toujours évident.

La population en âge actif

Selon l’usage international, la population en âge actif regroupe toutes les classes d’âge situées entre 15 et 64 ans (révolus). L’évaluation du nombre de personnes concernées permet de calculer le ratio de dépendance (démographique) qui mesure le nombre d’inactifs pour cause de jeunesse ou de vieillesse rapporté au nombre de personnes en âge actif.
Elle permet aussi de calculer le “rapport de soutien potentiel” (ou démographique), c’est-à-dire le rapport de la population d’âge actif (15 à 64 ans) à la population âgée (65 ans et plus).
La configuration démographique d’un pays à une date donnée a une influence directe sur la croissance économique. Dans deux cas extrêmes symétriques, un ratio de dépendance élevé correspond soit à une population en pleine croissance démographique (avec une proportion élevée d’enfants de moins de quinze ans), soit à une population vieillissante (proportion élevée de personnes âgées). Dans ces deux cas se posent des problèmes économiques et sociaux : celui du coût de l’éducation des enfants pour l’un, celui du coût du système de santé et de la soutenabilité des régimes de retraite pour l’autre.
Entre ces deux situations se situe le troisième cas qui correspond à un “cadeau” démographique du point de vue économique : le ratio de dépendance est au minimum, la poussée démographique a déjà eu lieu, mais le vieillissement n’est pas encore arrivé, ce qui signifie que la population en âge actif constitue un véritable moteur économique pour l’ensemble de la société avec un minimum de “charge” démographique. C’est ce que les démographes appellent la “transition démographique”.

Le taux d’activité

Après avoir mesuré la population en âge actif ou potentiellement active (suivant les conventions retenues), on cherche à évaluer la part de gens réellement actifs. Ici apparaissent plusieurs difficultés que la définition officielle de l’ONU suggère assez clairement.
La première difficulté concerne la couverture territoriale des enquêtes et des sondages réalisés pour évaluer la population active : la base du recensement étant la population résidente, le travail des non-résidents “transhumants” n’est pas comptabilisé. C’est le cas au Liban avec les travailleurs syriens dont les effectifs (dans l’agriculture et la construction) sont sans doute sous-estimés.
La seconde difficulté porte sur la définition du “travail” et de la “volonté de travailler”. Comment prendre en compte les activités de production destinées à l’autoconsommation d’un ménage ou une construction pour compte propre ? Les gens ne considèrent pas spontanément ce type d’activité comme du “travail”, car le terme de travail est associé à un caractère “marchand”. Une boutade célèbre dit que la production et la population active augmenteraient si les femmes au foyer étaient rémunérées par le chef de ménage (qui pourraient être elles-mêmes) pour leur travail domestique et si elles versaient en contrepartie un loyer pour leur logement. Donc, par convention, le travail domestique non marchand n’est pas considéré comme une production. Mais le travail des femmes reste problématique dans le monde agricole et dans l’artisanat où sa part peut être importante et reste souvent ignorée ou sous-évaluée.

Le taux de chômage

La question du chômage est particulièrement sensible. Le taux d’activité effectif dépend, bien entendu, du niveau de chômage dans l’économie. Ce dernier peut amputer gravement la capacité productive d’un pays. Dans certains cas, il atteint 20 à 25 % de la population active.
Les pays qui prévoient des indemnités de chômage sont tenus d’adopter une définition opérationnelle précise du phénomène et les modifications des périmètres de définition du chômage constituent un enjeu politique permanent, car elles modifient beaucoup les résultats. En l’absence de mécanismes d’indemnisation du chômage, l’évaluation du phénomène reste tributaire des enquêtes de population active pour lesquelles la définition quantitative des questionnaires doit être la plus précise possible.
Par exemple, dans l’enquête réalisée en 2004 au Liban par l’Administration centrale de la statistique (ACS), toute personne ayant “travaillé” une heure ou plus durant la semaine précédant l’enquête ou s’est absentée du travail pour cause de congé, de maladie ou de maternité est considérée comme effectivement active.
Sur cette base, le taux de chômage est le rapport du nombre de chômeurs et des personnes à la recherche d’un premier emploi à l’effectif de la population active.