L’été s’est terminé et la problématique de la gestion des déchets n’est pas près de se résoudre. Car au-delà de ses enjeux propres – le ramassage des ordures ménagères et leur traitement – elle traduit la crise du modèle politique libanais. Malgré toutes les protestations populaires, toute l’encre qui a coulé sur le sujet, aujourd’hui encore, le gouvernement reste incapable de répondre à des questions-clés censées définir une stratégie nationale de gestion des déchets : quels objectifs sont-ils fixés en matière de recyclage, quelle technologie de traitement favoriser, quel est le coût moyen acceptable que les collectivités seraient prêtes à payer, comment les municipalités, tant sur le plan financier qu’administratif, pourront-elles prendre en charge ce service public dont la responsabilité leur incombe en vertu de la loi, etc. ? À tout cela, le “plan” du gouvernement ne donne pas de réponses – tout au plus, parviendra-t-il à mettre en place une “solution” d’urgence, provisoire. Car le logiciel de fonctionnement politique des instances exécutives et législatives ne le permet tout simplement pas. Il a été programmé pour de petits arrangements, des équilibres divers et variés, satisfaire des intérêts privés... C’est pourquoi le mouvement de contestation ne doit pas désarmer. En poussant le gouvernement dans ses retranchements sur la question des ordures, il œuvre aussi en faveur d’une autre façon de faire de la politique. C’est-à-dire revenir au sens étymologique du terme : définir des politiques publiques véritables. En ce sens, la crise actuelle est aussi une opportunité pour ce qu’on appelle la société civile : elle lui permet de trouver d’autres moyens d’expression, alors qu’auparavant les diverses organisations et associations se contentaient d’agir dans ce qu’elles considéraient relever du domaine privé, notamment caritatif, à défaut de croire dans sa capacité d’influencer les politiques.