À l’heure d’aller sous presse, l’Arabie saoudite semblait ne pas vouloir aller jusqu’à utiliser l’arme économique au Liban. La suspension de son aide financière à l’armée libanaise assortie de menaces de sanctions a créé une véritable inquiétude dans le pays. Probablement davantage d’ailleurs dans les rangs alliés que parmi ses adversaires. Mais le pire semble pour l’instant avoir été évité. Il serait en effet relativement facile à Riyad de faire vraiment mal, que ce soit en arrêtant d’importer des produits libanais ou, surtout, en expulsant les ressortissants du pays du Cèdre employés dans le royaume, davantage encore qu’en retirant ses avoirs du Liban : les dépôts sont difficiles à évaluer, mais ne sont probablement pas aussi importants que les actifs immobilisés, plus difficiles à liquider. Au-delà de l’impact réel de sanctions éventuelles, la conséquence psychologique de telles menaces est tout aussi déterminante pour l’économie libanaise, dont les fondamentaux sont depuis des années particulièrement négatifs, et qui est confrontée à une mauvaise conjoncture. Elle ne tient qu’à un facteur : la confiance dans un système financier programmé pour maintenir l’activité à flots, grâce à un torrent de liquidités, comme un tonneau des Danaïdes. Or cette confiance est aussi, plus que jamais, synonyme d’intérêts. L’extrême concentration des dépôts bancaires suffit à comprendre qu’ils sont une poignée de décideurs à tenir le sort du pays dans leurs mains. Au-delà des allégeances politiques des uns et des autres, il n’est pas sûr que quiconque gagnerait à ébranler un système qui, malgré toutes les vicissitudes de l’économie réelle, continue de tenir et de servir. D’autant que la capacité à déplacer les capitaux devient de plus en plus difficile. L’année 2016, qui a commencé par une bataille pour éviter l’inscription du Liban sur la liste noire du Gafi et empêcher une nouvelle dégradation de la note souveraine par les agences de notation, s’annonce particulièrement difficile.