Le contrat liant les municipalités de Beyrouth et du Mont-Liban à Sukleen a été prorogé d’un an environ par le Conseil des ministres sans que les municipalités concernées aient eu leur mot à dire et sans que le public ne soit au courant des conditions exactes du contrat. Ce, officiellement pour donner au gouvernement le temps de lancer enfin un nouvel appel d’offres pour charger une ou plusieurs sociétés d’assurer la gestion des déchets. On pourrait naïvement croire que 25 ans après la fin de la guerre du Liban, l’État saisit enfin cette occasion pour établir une stratégie nationale en la matière, en coordination avec les municipalités, puisque ce domaine est légalement de leur ressort. Que nenni. La façon dont ce dossier est abordé jusqu’à présent – Conseils des ministres opaques, réactions politiciennes aux manifestations des populations exaspérées par les nuisances des décharges, etc. – signale exactement le contraire. Quel plan le gouvernement propose-t-il pour la collecte des déchets ? Quel plan propose-t-il pour leur traitement ? Quels sont les objectifs qu’il se fixe en matière de recyclage ? Que compte-t-il faire des décharges actuelles ? Aucun lecteur de la presse libanaise qui répercute fidèlement la communication officielle n’a la moindre idée de réponse à ces questions. Elles constituent pourtant des préalables indispensables à l’établissement de tout nouveau cahier des charges. À moins que l’objectif soit simplement d’allouer différemment des marchés publics juteux pour tenir compte de nouveaux équilibres au sein de la classe politique libanaise qui, si elle se déchire en apparence sur de grands dossiers géopolitiques, n’a pas son pareil pour s’entendre sur les bonnes affaires entre amis.