Ce ne sont pas des conversations de comptoir, mais de hauts fonctionnaires, des experts, des leaders d’opinions qui tiennent ces propos en public, voire dans les médias : le niveau de corruption de la classe politique libanaise atteint un niveau jamais égalé. Les exemples de “deals” négociés en coulisses, de prétendues menaces de recours en justice abandonnés après un “arrangement”, etc. sont désormais énoncés comme des réalités face auxquelles « on ne peut rien ». Quel que soit le sujet abordé, de la présidence de la République au problème de l’électricité ou des déchets, en passant par le simple respect des lois, le discours politique dominant est celui de la soumission à une réalité incontournable. Le pourrissement des situations est tel que la moindre issue est perçue comme une solution. C’est la stratégie de l’épuisement. À force de prendre des coups, les rares éléments contestataires de la société civile sont anéantis. Et l’opinion publique prête à accepter tout et n’importe quoi. Juste pour en finir. « Dans n’importe quel pays du monde, un responsable politique se saisit de la moindre proposition ou idée, il se l’approprie pour se poser en champion d’une politique au service de l’intérêt général. Au Liban, les idées vont dans les tiroirs. À l’exception de celles qui renforcent un camp donné ou se traduisent par de l’enrichissement personnel », témoigne un fin connaisseur et acteur du système. C’est en comprenant ce mode de fonctionnement qu’il faudra suivre l’évolution prochaine de la crise des déchets. Quelles que soient les options proposées, gageons que leur coût sera excessif pour les contribuables et que ce différentiel profitera à des poches bien identifiées. Sans que cela ne suscite la moindre réaction.