Le Liban suit l’actualité grecque avec le même intérêt qu’il a manifesté pour d’autres crises de la dette, notamment celle de l’Argentine : de loin. Que ce soit dans les dîners en ville ou sur la scène publique, on ne décèle aucune tentative de dresser un parallèle avec le problème de la dette libanaise. Celle-ci est devenue une “donnée” au point que plus personne ne cherche vraiment à trouver une voie de sortie. Devrait-on opter pour la potion de l’austérité préconisée par la troïka européenne ou se ranger derrière la logique de Syriza, selon laquelle la croissance, la protection sociale et l’emploi doivent prévaloir sur l’ajustement structurel, celui-ci n’étant pas un objectif mais un moyen ? Point de débat de cette nature au Liban qui se gargarise d’une “résilience” prétendument éternelle. Pourtant les similitudes sont nombreuses : dette, déficits publics, incapacité à lever l’impôt, anémie de la structure productive de l’économie, chômage galopant… le tout masqué et financé par une parité monétaire artificielle. De même que l’euro ne reflète pas les fondamentaux de l’économie grecque, le niveau de change fixé entre la livre et le dollar a certes des avantages, mais aussi un coût très élevé. Toutes choses égales par ailleurs (y compris les différences géopolitiques majeures), la principale différence tient au fait que les créanciers de la Grèce sont externes. La dette libanaise, elle, est détenue par les banques libanaises. Mais on fait mine d’oublier que l’argent qu’elles prêtent à l’État vient lui aussi de l’extérieur. Ces flux de capitaux sont très largement tributaires de la rente pétrolière dans le Golfe et ne sont pas près de tarir. Mais est-on vraiment à l’abri d’un choc éventuel ? La logique voudrait que l’on profite de cette capacité de “résilience” pour entamer les changements, avant qu’il ne soit trop tard. En réalité, on en est bien loin.