Où faut-il investir son argent aujourd’hui ?
P.W : Étant donné la faible rémunération des placements à court terme – qui devrait probablement perdurer encore deux ans –, la seule option pour réaliser des rendements élevés est de s’orienter vers des investissements plus volatils, à savoir les actions, certains types d’obligations, ou alternativement des investissements moins risqués mais de plus long terme, du type Private Equity.
Nous privilégions à l’heure actuelle les marchés d’actions européens ainsi que le marché japonais, où les sociétés bénéficient à l’export de la dévaluation du yen. 

Quels sont les zones, le type de titres ou les secteurs privilégiés dans vos portefeuilles d’actions et d’obligations ?
P.W : En termes de répartition géographique, un portefeuille type 100 % d’actions dont la devise de référence est l’euro au sein du Crédit Agricole Suisse, 24 % d’actions américaines, 11 % d’actions en provenance des pays émergents et 7 % de titres japonais. Si la devise de référence est le dollar, seules les pondérations affectées à l’Europe et aux États-Unis varient. Pour le portefeuille d’obligations, les titres “Investment grade” (dont la notation est supérieure ou égale à “BBB-” chez S&P, NDLR) représentent en moyenne 41 % d’un portefeuille, contre 35 % pour les obligations “High Yield” et 10 % pour les titres “High Growth” qui correspondent essentiellement à des obligations dans des pays émergents. Globalement, la part de ces derniers a reculé dans nos portefeuilles en raison du risque croissant lié à la devise, d’où l’intérêt pour les obligations libellées en dollars dans ces pays. Nous avons en outre opéré une réallocation au sein des économies émergentes en faveur de l’Asie du Nord (Chine, Taïwan, Corée, etc.).
Sur le plan sectoriel, nous nous orientons davantage vers les métaux industriels (platine, palladium, etc.), en raison du phénomène de restockage en Chine, tandis que sur le pétrole et l’or, nous sommes plutôt neutres.

Où se trouvent actuellement les opportunités de Private Equity ? Quels sont les taux de rendements moyens ?
C.H. : On assiste depuis un certain temps à un phénomène de désendettement (deleveraging) des banques aux États-Unis et en Europe en raison des nouvelles réglementations de plus en plus strictes. Les banques détenaient des portefeuilles de Private Equity assez importants qu’elles sont en train de céder sur le marché secondaire, où se trouvent désormais de vraies opportunités d’investissement. Le Private Equity coûte en effet assez cher pour les banques ; pour chaque euro investi, il faut bloquer 30 centimes de fonds propres en face.
Le deuxième créneau porteur est celui de la consolidation des entreprises à petite et moyenne capitalisation en Europe et aux États-Unis. Nous préférons le rachat d’entreprises de sociétés à fort potentiel de croissance au capital-risque.
Les pays émergents, notamment les pays asiatiques, représentent un troisième pilier. Enfin, sur le plan sectoriel, les nouvelles technologies et l’énergie présentent de nombreuses opportunités à saisir.
En moyenne, le taux de rendement annualisé de nos portefeuilles est de 12 %. 

Pourquoi le Private Equity est-il aussi faible au Moyen-Orient ? Qu’en est-il de la part régionale dans vos portefeuilles ?
C.H. et P.W. : Cela est dû au surplus de liquidités disponibles sur les marchés. Les sociétés dans cette région n’ont pas besoin d’apport en capital. En ce qui concerne la part du Moyen-Orient, elle est plus importante dans nos portefeuilles d’obligations que celui d’actions, en partie grâce aux émissions obligataires dans la région du Golfe.