« Les Exchange Traded Funds, un produit financier encore largement méconnu au Liban »

Les Exchange Traded Funds (ETF) sont en pleine croissance dans le monde : à quoi correspondent ces produits financiers ?
Les ETF sont des fonds de placement adossés à un indice boursier ou à un actif. Le premier ETF est apparu aux États-Unis en 1989, et cet instrument a gagné l’Europe en 2000. Depuis, il ne cesse de séduire. Selon une étude de Ernst & Young, publiée en début d’année, l’industrie des ETP (Exchange Traded Products, composés essentiellement des ETF, NDLR) comptait
5 042 produits et 10 053 cotations fin octobre 2013, pour une valeur totale de 2 300 milliards de dollars, contre moins de 80 milliards de dollars en 2000. Cela illustre la croissance fulgurante des ETF, qui devrait se poursuivre dans les années à venir, avec des prévisions de progression annuelle de 15 à 30 % de la valeur d’échange jusqu’en 2018. À ce rythme, cette industrie pourrait dépasser celle des Hedge Funds au cours des 12 à 18 prochains mois, selon Ernst & Young.

Qui sont les principaux émetteurs ?
Aux États-Unis, les principaux émetteurs sont le gérant d’actifs Blackrock avec sa plate-forme iShares (qui propose, entre autres, plus de 500 ETF à travers le monde, NDLR) et les sociétés financières State Street et Vanguard. En Europe, il s’agit également de iShares, ainsi que de la Deutsche Bank et de Lyxor Asset Management (filiale de la Société générale).

Quelle est la différence entre les ETF et les autres fonds de placement ?
Les ETF sont cotés en Bourse et sont échangeables, notamment à Wall Street. Certains fonds communs de placement (FCP) le sont aussi à la Bourse de Luxembourg, mais pour des raisons essentiellement régulatrices : ils sont moins liquides et très peu échangés.

Quels sont les principaux avantages des ETF ?
Lorsqu’on investit 1 000 dollars dans le titre Apple, on prend uniquement le risque de l’action. Un ETF permet de diversifier ce risque en choisissant par exemple d’investir dans les 100 actions technologiques de l’indice Nasdaq, dont Apple, à travers par exemple un fonds indiciel coté QQQ, qui suit l’évolution du Nasdaq 100.
De plus, les ETF sont très liquides. Le fonds SPY, par exemple, qui traque l’indice S&P 500 est plus liquide que l’action Apple, qui est pourtant l’une des actions les plus échangées sur le marché.
Les ETF permettent aussi de naviguer à travers différentes classes d’actifs (obligations, matières premières, etc.), ce qui les rapproche des FCP.

Les ETF sont-ils avantageux d’un point de vue fiscal ?
À la différence des fonds de placement classiques, les ETF n’ont pas de gérant, car ils sont automatiquement adossés à un indice, ce qui les rend moins chers que les FCP. Quant au régime fiscal, les ETF ont été conçus de manière à éviter la taxation sur la plus-value appliquée généralement aux fonds de placement. Il s’agit de l’impôt dû par le fonds lui-même qui diffère de l’impôt sur le revenu des clients ayant engrangé des gains. Cela confère un avantage structurel aux ETF en termes de performance.

Dans quelles circonstances faut-il éviter les ETF ?
Sur les grands marchés ou des segments liquides, les ETF sont souvent plus performants que les fonds conventionnels. En revanche, cela n’est pas toujours le cas sur certains segments moins liquides (tels que les petites capitalisations boursières ou les actions des pays émergents), où le besoin d’arbitrage peut conférer un avantage comparatif aux FCP, gérés par une partie tierce.

Cet instrument est-il connu des Libanais ?
Ce produit n’est pas très connu parmi les Libanais, qu’il s’agisse d’investisseurs ou de sociétés financières. Cela est dû, en partie, à la mentalité conservatrice de la clientèle libanaise, qui privilégie les produits à forte notoriété tels que les actions de grandes compagnies comme Cisco ou Apple et qui a tendance à compter sur un intermédiaire pour les transactions.