Selon une étude publiée par le FMI, la croissance moyenne annuelle des dépôts doit être de 8 % pour assurer le financement des secteurs public et privé libanais. Si ce ratio tombait à 4 %, la hausse des taux d’intérêt qui s’ensuivrait afin de compenser le déséquilibre ralentirait l’économie et enlèverait 1 % de croissance du produit intérieur brut (PIB).
Les auteurs enjoignent en conséquence le Liban d’engager des réformes fiscales sans plus attendre afin de parer à toute perte de confiance éventuelle dans le système bancaire.
Pour l’instant, les entrées de capitaux restent abondantes, en particulier sous forme de dépôts des non-résidents, souligne l’étude. De plus, dans le contexte du rattachement de la livre libanaise au dollar, la Banque centrale conserve un niveau adéquat de réserves extérieures brutes, ce qui lui a permis d’amortir des chocs modérés et de courte durée similaires à ceux rencontrés en 2005-06.
Cependant, l’environnement d’exploitation des banques libanaises reste aléatoire, principalement en raison des risques géopolitiques élevés, tempère le FMI. Une chute soudaine et prolongée de la confiance provoquerait immédiatement un ralentissement de la collecte des dépôts et une augmentation du taux de dollarisation. Comme plus de 80 % des ressources des banques viennent des dépôts, y compris une grande partie de non-résidents (le FMI l’estime à près de 40 % du total des dépôts), l’impact sera multiple :
Réserves en devises : dans un contexte où la livre libanaise est indexée sur le dollar américain, toute baisse des dépôts aurait un impact direct sur les réserves de change de la BDL.
Politique fiscale : toute baisse du niveau de souscription des banques aux titres de dette libanais entraînerait une hausse des coûts de financement de l’État et augmenterait la pression sur les finances publiques déjà déficitaires.
Stabilité financière : l’impact sur les bilans des banques d’une perte sur réévaluation de la dette publique serait considérable et mettrait en péril leurs ratios de solvabilité (les banques libanaises sont les principaux bailleurs de fonds du pays en détenant plus de 60 % de la dette publique dont 80 % de maturité supérieure à un an).
Risque de refinancement : plus de 85 % de l’ensemble des dépôts ont des échéances de trois mois ou moins, ce qui met en relief la vulnérabilité des banques sur leur financement à court terme.
« Bien que les conditions actuelles ne facilitent pas l’exécution de réformes radicales, il est indispensable que le Liban adopte une stratégie crédible de consolidation fiscale à moyen terme. Le vote du budget de l’État ou la réforme du secteur de l’électricité par exemple sont des mesures rapides et efficaces qui peuvent alléger significativement le fardeau de la dette. En réduisant les besoins de financement du gouvernement, la dépendance aux afflux des déposants sera donc atténuée », recommandent donc les auteurs de l’étude.
Ils en appellent également à la création de bases de données statistiques fiables afin de pouvoir mesurer correctement la position extérieure nette du Liban en ce qui concerne ses engagements financiers avec l’étranger. En raison d’une détérioration continue de la balance des paiements, l’étude estime que la position nette du Liban envers l’étranger est débitrice de 8,9 milliards de dollars fin 2013, c’est-à-dire que le secteur public et le secteur privé sont conjointement débiteurs vis-à-vis de l’étranger, alors que cette position était créditrice de 5,2 milliards de dollars fin 2003, même si ce chiffre est à relativiser dans la mesure où une grande partie des dépôts sont le fait de non-résidents.

(*) Vulnerabilities in context (some) balance sheet analysis for Lebanon – Fredéric Lambert et Annalisa Fedelino.