L’année 2014 sera, sans doute, celle d’un dollar plus fort. Les fondements économiques ne manquent pas pour soutenir une telle hypothèse : croissance économique, début de durcissement monétaire, prochaine hausse des taux d’intérêt, etc. Le billet vert, qui avait perdu du terrain face au sterling et à l’euro l’an dernier, devrait rebondir, du moins par rapport à la monnaie unique. « Si le Royaume-Uni augmente les taux d’intérêt plus tôt que prévu, il n’est pas dit que le sterling reculera devant la monnaie américaine », souligne Peter Yeates de la HSBC. L’euro risque également de maintenir sa position actuelle, malgré les arguments en faveur d’une éventuelle contraction, estiment certains analystes. « Tant que les autorités monétaires européennes n’ont pas injecté de liquidités, et que les remboursements bancaires liés aux opérations de refinancement à long terme (LTRO) de la BCE vont se poursuivre, la masse monétaire en circulation restera faible.
Ce phénomène de raréfaction de l’euro va sans doute contribuer au maintien du taux de change euro/dollar actuel », souligne Youssef Kamel, cogérant du fonds Future Trends Capital Fund. Depuis le début de l’année, l’euro a d’ailleurs continué de grimper, frôlant le seuil de 1,4 dollar en mars. « Même si la BCE a recours à un Quantitative Easing, la monnaie unique pourrait ne pas s’affaiblir pour autant, car les perspectives de hausse de la croissance et des exportations liées à une politique accommodante vont peser positivement sur sa valeur », ajoute le cogérant du fonds Future Trends Capital Fund. Pour d’autres analystes, les autorités en Europe vont œuvrer en faveur d’un affaiblissement de l’euro, car elles sont de plus en plus préoccupées par une monnaie forte qui pénalise les exportations et compromet la croissance, dans un contexte particulièrement difficile. La Banque du Japon se préparerait également à un nouveau round de dévaluation du yen. Mais celui-ci pourrait se maintenir à ses niveaux actuels, voire s’apprécier légèrement dans les mois à venir, si aucune nouvelle mesure n’est prise. Le taux dollar/yen évolue depuis le début de l’année entre 101 et 104.

Investir dans le réal brésilien et la livre turque ?

Quant au yuan chinois, il a reculé face au dollar, passant de 6,05 en janvier à 6,25 fin avril. Cette dévaluation voulue par les autorités chinoises est due à une appréciation de plus de 20 % en quatre ans du taux de change effectif réel, selon le Crédit Agricole Suisse. « Mais la Banque centrale de Pékin est moins encline à une dépréciation de sa monnaie, d’autant que le pays cherche à se convertir à une économie basée davantage sur la consommation interne. Cela nécessite le maintien d’un pouvoir d’achat assez élevé », souligne Peter Yeates.
Les arguments en faveur d’un yuan plus fort à terme ne manquent d’ailleurs pas, selon le Crédit Agricole Suisse qui recommande le placement dans la monnaie chinoise : volonté de conférer au yuan un statut de devise internationale, encouragement à la montée en valeur ajoutée du secteur industriel et préservation du pouvoir d’achat des épargnants chinois. La banque suisse est également positive sur les monnaies mexicaine et australienne, en raison des meilleures conditions macroéconomiques dans le premier cas et la possibilité d’une hausse des taux d’ici à la fin de l’année à cause d’une inflation élevée dans le cas de l’Australie. Mais les avis sur les placements en devises ne sont pas toujours concordants. Selon la HSBC, le dollar australien risque, au contraire, de se déprécier, en raison du ralentissement de l’économie chinoise, dont dépend davantage le pays-continent. Quant aux pays émergents, certains jugent le moment opportun pour l’investissement dans la livre turque ou le réal brésilien, après leur dégringolade l’an dernier, tandis que d’autres sont plus prudents à l’égard des économies en développement, notamment celles qui souffrent d’un large déficit au niveau de la balance courante.