Toufic Aouad, directeur général de Audi Private Bank

Où faut-il investir aujourd’hui ?
Au deuxième trimestre, les actifs financiers ont enregistré une performance positive grâce à une reprise économique globale, et cela malgré deux hausses des taux d’intérêt aux États-Unis, un resserrement des conditions financières en Chine et une augmentation des risques géopolitiques. Les indices d’actions américaines ont poursuivi leur hausse, soutenus par une très forte performance du secteur technologique depuis début 2017. Cependant, cette dynamique haussière semble s’être récemment affaiblie, puisque le secteur souffre des pertes les plus importantes depuis juin 2016, ce qui pourrait susciter une vague de panique si elles persistent. Par ailleurs, pour mesurer le degré de pessimisme par rapport à la croissance mondiale, nous gardons en permanence un œil sur les obligations du Trésor américain, dont les rendements sont au plus bas et signalent une forte aversion au risque. En Europe, la récente défaite des partis anti-européens a soulagé les investisseurs et entraîné une hausse des indices d’actions ainsi que l’euro. Le sentiment positif envers l’UE est renforcé par une croissance économique stable et des conditions d’emprunt favorables.

Quels placements Audi Private Bank favorise-t-elle ?
Pour ceux qui voudraient se protéger contre des risques géopolitiques, l’achat de l’or à 1 200-1 250 dollars l’once demeure notre choix principal à moyen terme. Nous favorisons aussi les obligations de haute qualité dans une approche “buy and hold” si le rendement convient au profil du détenteur. De plus, tant que les taux directeurs demeurent bas, l’achat d’actions à dividende élevé et/ou croissant pourrait protéger le prix de l’action de fluctuations sévères.

Nadim Kabbara, directeur du département de recherche à la FFA Private Bank

Où faut-il investir aujourd’hui ?
Il faut éviter ou minimiser l’investissement dans les actions pétrolières ou gazières, quel que soit le pays d’origine, en raison de la volatilité qui caractérise le marché malgré la récente stabilisation, tandis que les secteurs de l’industrie, de la technologie et de la santé, notamment les grandes compagnies pharmaceutiques, sont moins risqués (…). Nous continuons de privilégier le marché japonais, surtout que les indicateurs s’améliorent au fur et à mesure, tandis que les marges de profit des sociétés cotées sont assez amples, soutenues par des investissements qui affluent désormais vers le pays.

Quels placements la FFA Private Bank favorise-t-elle ?
Sur le marché obligataire, la FFA Private Bank privilégie les obligations d’entreprise à haut rendement (“High Yield”) ainsi que la dette des marchés émergents. Nous conseillons, en revanche, à nos clients intéressés par les bonds d’inclure dans leurs portefeuille des actions ainsi que des matières premières et de l’immobilier pour se protéger contre un environnement désormais enclin à la hausse des prix, avec le déclin des perspectives déflationnistes. Aujourd’hui, il est d’autant plus judicieux de diversifier son capital que de chercher uniquement à le faire croître, vu les nombreuses variables sur le marché.

Hisham Rabah, directeur des marchés des capitaux à la BBAC

Où faut-il investir aujourd’hui ?
Depuis la crise de 2008, les intérêts sur le dollar américain ont connu une tendance baissière. Cette tendance s’est plutôt inversée début 2016 et le maintien de cette augmentation des taux d’intérêt par la Réserve fédérale des États-Unis est prévu pour le futur proche. Le Liban est un marché attractif pour les investisseurs : il offre un bon niveau de rendement contre un niveau de risque tolérable. Les statistiques historiques présentent des niveaux de volatilité acceptables, même lors des phases les plus difficiles.

Quels placements la BBAC favorise-t-elle ?
Dans un environnement de taux d’intérêt croissants, nous préférons investir dans des titres à taux d’intérêt flottants. Mais le marché libanais reste étroit et la situation géopolitique n’est pas toujours stable. C’est pour cela que nous diversifions notre portefeuille en investissant aux États-Unis, en Europe et dans les pays du Conseil de coopération du Golfe.

Nabil Kassar, président de la Fransa Invest Bank (FIB)

Où faut-il investir aujourd’hui ?
Le contexte international est favorable aux investissements en actions, notamment les actions cycliques (secteur des matériaux et de la finance) ou les actions du secteur technologie, médias et télécoms… Néanmoins, les marchés financiers peuvent être affectés par divers facteurs auxquels il faut rester attentifs. En particulier, les conséquences de la politique économique du président Trump (guerre tarifaire, explosion de la dette américaine...). Les négociations concernant le Brexit ont aussi un impact potentiel. Il faut aussi suivre de près l’évolution du cours du pétrole consécutive à l’accord de limitation de la production. Et surveiller enfin l’attitude des grandes banques centrales et la stabilité de l’économie chinoise.

Quels placements la Fransa Invest Bank favorise-t-elle ?
Nous favorisons les métaux de base qui seront dopés par la hausse des dépenses dans les infrastructures aux États-Unis. L’Europe devrait profiter de la croissance américaine : le retard de valorisation des actions européennes par rapport aux actions américaines est certain et leur rendement est attractif. Par ailleurs, les actions japonaises sont encore faiblement valorisées. Les entreprises à grande capitalisation du secteur techno devraient continuer de croître, propulsées par les 18-35 ans. Nous sommes aussi favorables au marché indien qui sera beaucoup moins affecté par les mesures protectionnistes américaines, étant donné qu’il s’agit d’une économie relativement isolée.

Georges Abboud, directeur de la banque privée à la Blom Bank

Où faut-il investir aujourd’hui ?
Les fonds de pension et autres types de structures investissent de nouveau sur le marché boursier européen, encouragés par des actions aux valorisations encore faibles, comparées au marché américain.  En Asie, si les gains engendrés dans les bourses ont été jusque-là importants, le résultat net, après conversion en dollars, est, en revanche, moins alléchant pour les investisseurs internationaux, en raison de la dépréciation de plusieurs monnaies face au billet vert (à l’exception de la roupie indienne NDLR). Ce facteur de risque, en sus d’une éventuelle hausse plus rapide que prévu des taux américains, continue d’ailleurs de peser sur les marchés boursiers asiatiques et émergents. Sur le segment obligataire, nous conseillons d’investir dans les fonds de dette seniors des pays industriels qui permettent de générer un rendement de 4 à 5 %.

Qu’en est-il du marché libanais ?
Au Liban, une reprise a été observée après l’élection d’un nouveau chef d’État, mais les investisseurs sont plus sceptiques et lucides qu’avant. Ils attendent désormais des réformes structurelles lesquelles, en cas de mise en œuvre, couplées à la fin du conflit syrien et un début de reconstruction, pourraient fortement booster le marché.


Charles Salem, directeur général adjoint et directeur de la banque privée de la Banque Libano-Française

Où faut-il investir aujourd’hui ?

Nous recommandons de viser les dividendes. Dans un environnement de taux bas, les actions qui offrent un rendement restent attractives comparées aux obligations. Nous privilégions aussi l’exposition à la dette du Liban en dollars, à travers notre “Lebanon Income Fund”, qui a pour objectif d’assurer des revenus fixes tout en cherchant la rentabilité à travers une gestion de portefeuille active. Le fonds est investi en produits obligataires et monétaires locaux en dollars et en livres libanaises (pour une allocation maximale de 15 %). Sa performance à fin avril 2017 s’établit à 3,99 %.

Quels placements la BLF favorise-t-elle ?
Pour notre portefeuille obligataire notre stratégie repose sur la maximisation du rendement global, véhiculée par notre fonds maison “LF Total Return Bond Fund”, qui a une gestion active. Notre allocation obligataire va essentiellement à ce fonds qui nous permet d’avoir accès aux marchés obligataires internationaux avec une stratégie d’optimisation du couple rendement/risque. Nous investissons dans différentes classes d’actifs en nous diversifiant pour améliorer le rendement à long terme et réduire la volatilité. Nous restons positifs sur les actions à moyen et long terme, malgré leur forte progression depuis le début de l’année. Nous avons aussi une préférence pour les marchés européens qui présentent plus de potentiel de revalorisation que le marché américain, historiquement très cher. Nous maintenons une allocation stratégique sur l’or, qui fait figure d’assurance dans les moments de forte volatilité.