L’évolution des prix des matières premières dépendra cette année dans une large mesure de la reprise économique à l’échelle mondiale, des facteurs géopolitiques dans certaines régions riches en ressources (Libye, Russie, etc.) ainsi que des politiques monétaires des principales banques centrales. Le prix du pétrole, qui évolue autour d’un baril de Brent au-dessus de 100 dollars, devrait se maintenir à ce niveau jusqu’à la fin de l’année, estiment les analystes. Cette stagnation à court terme est le résultat d’une demande et d’une offre mitigées par des facteurs contradictoires. La reprise économique aux États-Unis contraste avec le ralentissement chinois, tandis que, côté offre, les nouvelles découvertes sont neutralisées par la baisse de la production dans certains pays producteurs. « À plus long terme, le prix du pétrole risque toutefois de reculer graduellement, sous l’effet d’une augmentation de la production, d’un retour de la Libye et de l’Iran sur le marché international et d’une hausse de la part du gaz de schiste » dans la production énergétique, souligne Peter Yeates, de la HSBC. Quant au gaz, il ne devra pas connaître d’évolution majeure en 2014, malgré les risques géopolitiques. « En 2009 (lors du troisième conflit gazier russo-ukrainien, NDLR), le prix du gaz avait augmenté de 45 % en un jour, alors qu’il n’a gagné que 10 % durant la dernière crise avant de retrouver son niveau précédent. Aujourd’hui, les sources, les canaux de transmissions et la demande sont plus variés », souligne Christina Azouri, du Crédit Agricole Suisse.

L’once d’or à moins de 1 150 dollars ?

Si les analystes prévoient une stabilité au niveau des prix des matières premières énergétiques, ils anticipent en revanche une poursuite de la baisse du cours de l’or, malgré la hausse observée depuis le début de l’année. L’once d’or avait déjà chuté de 28 % en 2013, à l’ombre de multiples facteurs, dont l’annonce du durcissement monétaire aux États-Unis. Mais les récentes tensions géopolitiques et les propos “modérés” de la présidente de la Réserve fédérale, Janet Yallen, concernant la politique monétaire américaine auraient contribué à une inversion de la tendance. Le prix de l’once a gagné plus de 7 % depuis le début de l’année, grimpant d’environ 1 200 dollars en janvier à 1 285 dollars début mai. « Mais nos prévisions demeurent négatives d’ici à la fin 2014 tant que le resserrement monétaire aux États-Unis est maintenu et que la date prévue pour la hausse des taux américains n’est pas retardée », souligne la conseillère en investissement au Crédit Agricole Suisse. Pour Tarek el-Ahdab, de l’Arab Finance Corporation (AFC), « il s’agit plus globalement de la fin d’une phase haussière ayant duré près de 17 ans, entre 1995 et 2012 ». « La perspective à terme est vers une consolidation des prix, voire un repli », dit-il. Selon la HSBC, les pronostics baissiers à court terme sont justifiés par plusieurs facteurs : baisse des craintes concernant l’inflation, hausse du niveau de confiance, recul des liquidités, appréciation anticipée du billet vert et fortes rémunérations sur le marché boursier. « L’or est une valeur refuge vers laquelle se tournent les investisseurs en temps de crise ou de dépréciation monétaire », souligne Peter Yeates. En cas de repli, le prix de l’once ne devrait toutefois pas enfoncer le seuil de 1 100-1 150 dollars, estime de son côté Georges Abboud, directeur de la banque privée de la BlomInvest, selon lequel le coût de production actuel de l’or se situe plus ou moins dans cet intervalle.
Parmi les autres métaux, le prix du cuivre et celui de la platine devraient, en revanche, progresser, estiment les analystes, à la faveur d’une légère augmentation de la demande en Chine, après la chute des stocks du pays en métaux industriels.
Enfin, les matières premières agricoles continueront à attirer des investisseurs, en dépit des oscillations sur le marché, estiment certains. « Cela est dû à la croissance continue de la consommation alimentaire mondiale, et par conséquent des prix des produits agricoles », souligne Peter Yeates. « Mais la HSBC n’investit pas dans ce type de produits en raison de la forte volatilité liée aux risques non systémiques qui caractérisent le marché », ajoute-t-il.