En pleine accélération, la carrière de Paul Raphaël se joue désormais en Asie où il développe l’activité du groupe Crédit suisse sur l’ensemble du continent.

À 44 ans, la carrière de Paul Raphaël, responsable depuis juin 2007 des activités de la banque d’affaires et d’investissement du Crédit suisse pour la région Asie-Pacifique, s’accélère. L’enjeu est d’importance pour la banque helvétique : en 2007, les revenus nets de la région Asie-Pacifique ont augmenté de 23 % pour atteindre 4 milliards de francs suisses, soit 11 % des bénéfices du groupe Crédit suisse. « La Chine est le principal marché. Le secteur des moyennes capitalisations offre des potentiels exceptionnels via notamment des financements syndiqués1. L’immobilier chinois génère aussi d’importantes plus-values. » Auparavant coresponsable des marchés primaires et des produits dérivés pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, l’arrivée de Paul Raphaël aux commandes du bureau de Hong Kong marque le développement du Crédit suisse sur de nouvelles places boursières. « Nous avions, c’est vrai, des lacunes sur certains pays ou sur certains produits. L’Inde notamment. » Le retard est en passe d’être rattrapé : son équipe vient ainsi d’assurer l’introduction en Bourse d’un premier fonds de capital investissement, d’un montant de 600 millions de dollars, pour le compte de la banque commerciale indienne HDFC.
L’originalité de la démarche de Paul Raphaël repose sur son refus d’appréhender le continent asiatique dans sa globalité. « L’Asie est un continent derrière lequel se dissimulent des dynamiques économiques très différentes d’un pays à l’autre. Je crois à une logique pays par pays. » Une approche pragmatique qui convient à merveille à ce technicien de la finance. « Si j’ai une qualité, c’est de vite m’adapter à un nouvel environnement. Peut-être est-ce lié au Liban, au fait d’avoir grandi dans une société cosmopolite : penser sans préjugés, envisager l’avenir dans tous ses possibles. » Il est une chose, toutefois, pour laquelle Paul Raphaël n’a jamais songé à des alternatives : son métier. Son grand-père, banquier indépendant, lui avait déjà ouvert la voie. Sans compter ses “lointains cousins”, originaires tout comme sa famille de Dlebta (Kesrouan), dont Farid Raphaël, à la tête de la Banque libano-française (BLF), est le représentant emblématique.
Ce goût inné de la finance, c’est ce qui a poussé Paul Raphaël à quitter le Liban à 18 ans, après une année de stage à la Fransabank. « À 15 ans, je savais déjà que, pour poursuivre mes études de finance et d’économie, je devais me tourner vers les écoles américaines ou anglaises. » Direction Washington où il intègre, entre 1981 et 1983, l’université du Maryland avant de rejoindre l’école de commerce du prestigieux Massachussets Institute of Technology (MIT) à Boston. Diplômé en 1986, Paul Raphaël démarre aussitôt sa carrière au sein de la banque new-yorkaise Salomon Brothers. Dès 1992, il suit le continent latino-américain. En 1994, et alors qu’il n’a que 30 ans, Merrill Lynch le débauche pour le nommer “Managing Director” pour l’Europe centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique, un poste basé à Londres.
Jamais pourtant ce voyageur impénitent n’a oublié son pays. Il se dit « définitivement libanais », avec juste ce qu’il faut d’humour pour se moquer de lui-même. Sans nostalgie inutile, il croit que ses compétences peuvent servir le Liban. C’est ainsi qu’il a dirigé la mise en place de la première émission d’obligations pour le Liban, en 1994. « Lorsque j’avais la responsabilité des pays émergents, entre 94 et 99, mon pôle en a mené une vingtaine d’autres pour l’État libanais, comme pour plusieurs émetteurs du secteur privé. »