Le Parlement a créé la surprise en votant le 10 avril une proposition de loi du député de Tripoli Robert Fadel destinée à autoriser le secteur privé à produire de l’électricité au Liban pendant une phase transitoire de deux ans. Entretien avec l’auteur du texte pour en comprendre les motivations.
 
Comment est née l’idée de ce texte de loi ?
Du constat que d’un côté l’Etat transfère deux milliards de dollars par an pour combler le déficit d’EDL alors qu’il n’est pas en mesure de débloquer, par exemple, quelque 100 millions de dollars pour le programme de développement de Tripoli, pourtant adopté par le gouvernement. Tripoli est la deuxième ville du Liban, elle subit de plein fouet la crise syrienne et il est impensable que l’Etat ne puisse rien faire. Le même problème de financement bloque de nombreux projets vitaux pour le Liban, comme la dépollution du fleuve Litani, pour ne citer que celui-ci. J’ai pris l’initiative de discussions avec tous les groupes parlementaires pour trouver une solution.
 
Quel est son objectif ?
La création de l’autorité du secteur de l’électricité prévue par la loi étant bloquée pour des raisons politiques, l’objectif est de transférer ses compétences de façon provisoire – pendant deux ans – au Conseil des ministres lui-même, afin de stopper cette hémorragie. Le gouvernement pourra ainsi confier au secteur privé la construction d’unités de production électriques, que ce soit des parcs d’éoliennes ou de grosses centrales électriques. Il appartient au ministère de l’Energie et des Finances de  soumettre des projets. Certains sont déjà à l’étude. Au total, il faut augmenter la capacité de production du Liban de 1500 MW supplémentaires. Ce n’est qu’en assurant du courant 24 heures sur 24 qu’il sera possible de réviser à la hausse les tarifs de l’électricité sans impact sur la poche des usagers. Aujourd’hui, l’Etat subventionne à 60 % les tarifs d’EDL qui sont de 7 cents le kw/h alors que les générateurs privés vendent l’électricité à plus de 60 cents le kw/h.
 
S’il résout le problème financier à court terme, le recours au financement privé n’est-il pas plus coûteux à long terme ?
Pas forcément. Les formules possibles sont variées. Le coût de production des centrales varie aujourd’hui de 20 à 50 cents pour les plus anciennes. Il doit être possible de descendre sous ces seuils.