Le ministère de l'Economie et du Commerce a annoncé, le 3 juin, le lancement officiel d’une nouvelle plateforme associative chargée d’enregistrer et de gérer les noms de domaines (DNS) comportant les extensions : ".lb".

Baptisée LINC (acronyme de l’anglais "Lebanese Internet Center") cette association à but non lucratif hébergée à la Chambre de commerce de Beyrouth regroupe une dizaine de membres fondateurs représentant des administrations publiques (ministère de l’Economie, Autorité de régulation des Télécoms), des agents économiques (Berytech, l’Ordre des avocats, la fédération des chambres de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture, les associations professionnelles représentant respectivement les fournisseurs d’accès Internet et les directeurs des systèmes d’information) et des composantes de la société civile (les ONG Women in IT et ISOC –branche libanaise du réseau Internet Society, l’Université Balamand).

« Le Liban sera le premier pays arabe à confier la gestion des noms de domaines à une organisation fonctionnant sur un modèle organisationnel multipartite ("multistakeholder model") représentant l’ensemble des acteurs de l’Internet », s’est félicité Fadi Chehadé, le président de la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN en anglais) qui assure cette gestion au niveau mondial.

A l’échelle nationale, cette gestion est assurée, depuis les débuts de l’internet libanais, par une autre association, le registre libanais des noms de domaines (LBDR). « Cela fait un certain temps que je cherchais une structure adéquate pour prendre la relève et il a fallu un peu plus d’un an de travaux préparatoires pour lancer LINC. Mais un certain nombre d’étapes doivent encore être franchies avant que ce transfert de compétences soit possible. Il faut notamment : élargir le nombre d’adhérents, élire un conseil d’Administration et désigner les comités exécutifs thématiques. Le calendrier précis de cette transition ne sera déterminé qu’ensuite mais le plus important est qu’elle se fasse de la manière la plus souple possible pour les utilisateurs de l’internet », raconte Nabil Bukhalid, ancien directeur des technologies de l’Université Américaine de Beyrouth, qui administre la LBDR à titre personnel.

Ce passage de témoin soulève par ailleurs un certain nombre de questions sur les changements à venir concernant la gestion des DNS et l’étendue des missions de la nouvelle structure. Le ministère de l’Economie a ainsi annoncé que LINC pourrait déposer auprès de l’ICANN la demande de validation d’une nouvelle extension en arabe (".لبنان") pour faciliter le développement de contenus dans cet idiome. Les modalités d’enregistrement des DNS pourraient également évoluer : contrairement aux usages dans la plupart des Etats du monde, l’attribution des adresses ne comporte pas de frais commerciaux au Liban mais cette situation pourrait changer afin d’assurer éventuellement par ce biais une partie du financement de l’organisme. De même, le processus d’attribution pourrait ne plus se faire directement auprès du registre mais à travers des "registraires", comme les fournisseurs d’accès, qui centraliseraient ainsi les demandes.

Enfin, certaines formalités d’enregistrement comme le dépôt préalable de la marque concernée – rendu obligatoire depuis 1999 pour limiter les contestations, pourraient être revues : « Je suis personnellement favorable à ce qu’on lui substitue un règlement arbitral des litiges à la Chambre de Commerce, pour simplifier les procédures d’enregistrement. Mais à l’instar du reste, ce ne sont que des pistes de réflexion tant qu’un bureau exécutif n’a pas été élu », précise Nabil Bukhalid qui représente la branche libanaise de l’Internet Society au sein de LINC. A plus long-terme, une fois la refonte du système de gestion des DNS achevée, LINC pourrait élargir son champ de compétence à la plupart des problématiques relatives à la gouvernance de l’internet Libanais : « L’idéal est d’imposer cette plateforme comme un organe consultatif éclairant le législateur ou les autorités de régulation sur des problématiques aussi diverses que la cybersécurité, la protection des mineurs sur la toile ou les questions relatives aux données personnelles », s’enthousiasme Fadi Chehadé.