Une petite centaine d’amateurs s’étaient donnés rendez-vous mercredi 08 octobre, près de l’Hôpital Trad. C'est en effet au rez-de-chaussée de la villa Salem, à Clemenceau, qu'avait lieu la sixième vente aux enchères d’art du Moyen Orient, organisée par la commissaire-priseur Nada Boulos-Assad, qui dirige At Auction.

« Une belle vente, où plusieurs peintres majeurs de l’art moderne et contemporain de la région sont proposés », assure un amateur.

Parmi les grands noms, outre plusieurs Paul Guiragossian (1926-1993), on pouvait ainsi acquérir une œuvre de Farid Aouad (1924-1982), d’Hussein Madi (1938), de Fadi Barrage (1940-1988), d’Halim Jurdak (1927), d’Elie Kanaan (1926-2009) ou de Chafic Abboud (1926-2004), voire d’Assadour Bezdikian (1943).

En tout, 82 lots étaient mis à l’encan. Un peu moins d’une soixantaine ont trouvé preneur. Le chiffre global de la vente n’est pas encore connu, mais plusieurs œuvres ont dépassé leurs estimations initiales.

C’est sans conteste l’artiste syrien Louay Kayyali (1934-1978) qui a raflé la mise avec la vente d’une toile représentant un jeune cireur de chaussures, datée de 1972. Evaluée entre 60.000 et 80.000 dollars, ce tableau, qui reprend un thème récurrent chez l’artiste, a trouvé acquéreur pour 110.000 dollars (ou 126.000 après la commission de 15 % de la salle de vente). Sans compter une autre de ses toiles, un bouquet de fleurs blanches datée de 1977, partie à 30.000 dollars (34.500 après commission).

Côté libanais, c’est le peintre Mustapha Farroukh (1901-1957) qui remporte la mise avec notamment une aquarelle représentant un cabanon de chasse, planté dans les arbres de Dhour el-Chweir, adjugée pour 9.500 dollars (10.925 dollars après commission), soit près du double de son estimation.

Autre aquarelle de Farroukh plébiscitée : la « Route côtière, nord de Beyrouth » (1944), partie à 8000 dollars (9200 dollars après commission) quand son estimation oscillait entre 5.000 et 6.600 dollars.

« Georges Cyr, Mustapha Farroukh ou Omar Ounsi sont des artistes modernes, encore très prisés au Liban où leurs œuvres rappellent un « temps qui n’est plus », celui d’un Liban d’avant guerre. Ils sont en revanche boudés des marchés internationaux », explique Nada Boulos-Assad.

Parmi les autres ventes intéressantes, on retiendra l’autoportrait de Farid Aouad une peinture sur huile, rare chez cet artiste connu pour ses fusains ou ses pastels, adjugée à 35.000 dollars (40.250 après commission). De même que la vente de la toile « Rituel » (1997) de Flavia Codsi, acquise pour 30.000 dollars (34.500 après commission) quand son estimation initiale la plaçait entre 18.000 et 24.000 dollars.

« Les dessins, les lithographies ont aussi exceptionnellement bien marché. Ce qui est le signe qu'une jeune génération, aux moyens financiers moindres que ceux de ses aînés, est en train de s’intéresser à l’art moderne et contemporain. »

On pouvait ainsi s’acheter pour "presque rien" un dessin à l’encre de chine de Paul Guiragossian (1.600 dollars) ou une esquisse de Mustapha Farroukh (1.900 dollars). Mais c'est autour de plusieurs épreuves d'artiste d'Assadour Bezdikian qu'a eu lieu la bataille la plus épique.

Ses "Poissons", un dessins au fusain et à l'encre de Chine, sont finalement partis pour 2.200 dollars (2.530 dollars après commission)...Soit trois fois son estimation initiale, un record pour cette vente aux enchères.