Le président de l'Association des banques François Bassil a annoncé le 5 mars les résultats consolidés (mais non audités) du secteur en 2014 établissant une profitabilité au plus bas depuis quatre ans. La rentabilité des capitaux propres s'est établie à 12 % et celle des actifs à 0,97 %. Par comparaison, ces ratios étaient respectivement de 18,8 % et de 1,29 % en 2010. Une baisse qui s'explique selon lui par la nécessité de préserver un niveau élevé de liquidité (60 %) étant donné l'environnement dans lequel opèrent les banques libanaises, ainsi que par la baisse relative des rendements des placements bancaires auprès de l'État libanais alors que la rémunération des dépôts reste élevée. La dernière émission de 2,2 milliards d'eurobonds, dont les banques libanaises sont les principaux souscripteurs, s'est faite à des taux inférieurs à ceux des pays dont la notation souveraine est identique à celle du Liban (B-).

De façon générale, les marges d'intérêts se sont réduites, a précisé M. Bassil qui déplore une tendance à « regarder les profits des banques en valeur absolue (1,7 milliard de dollars) au lieu de les comparer aux capitaux engagés, qui s'établissent à 15,7 milliards de dollars, ou à ceux d'autres secteurs ».
Ces résultats ont été annoncés à l'occasion d'une conférence de presse présentée comme le premier d'une série de rendez-vous trimestriels avec les médias destinés à exprimer le point de vue du secteur et à affirmer que celui-ci « est la pierre d'angle de la stabilité économique, financière et sociale du pays ». M. Bassil a dénoncé le vide institutionnel actuel et estimé à six milliards de dollars le déficit cumulé des comptes extérieurs du Liban sur la période 2011-2014 qui reflète selon lui une conjoncture difficile aux niveaux économique, politique et sécuritaire. « Le Liban traverse une période particulièrement délicate, qui est peut-être la plus dangereuse de son histoire récente », a déclaré le représentant des banques. Malgré cela, les dépôts bancaires ont continué d'augmenter (+8,5 milliards de dollars à 147,6 milliards de dollars) et à satisfaire les besoins de financement de l'économie qui ont crû de 3,5 milliards de dollars en 2014. Mais la croissance des dépôts s'est ralentie, à 6 % en 2014, contre 9 % en 2013. Les créances au secteur privé ont en revanche augmenté de 7,4 %, à 51 milliards de dollars (hors banques d'investissement), « constituant le principal moteur de la croissance économique du pays, estimée à 1,5 % en 2014 », a déclaré M. Bassil selon qui la part des crédits au logement avoisine les 10 milliards de dollars. La croissance des crédits est supérieure à celle du secteur bancaire, dont le bilan consolidé a augmenté de 6,6 % à 175,7 milliards de dollars. Et elle ne s'est pas accompagnée d'une détérioration de la qualité du portefeuille, selon M. Bassil, les créances douteuses étant stables à 3,6 % du total et couvertes à 75,5 % par des provisions.