Une centaine d'amateurs et de curieux se sont retrouvés hier à la Villa Salem à Beyrouth (Clemenceau) pour assister à la septième vente aux enchères d'At Auction. La maison, fondée et dirigée par le commissaire-priseur Nada Boulos-Assad, y présentait un catalogue de 75 lots d'artistes libanais et syriens. Un peu moins d'une soixantaine ont trouvé preneur.

« La fourchette de prix était plutôt élevée », estimait un acheteur, lors de la vente. Ce qui explique sans doute que peu d'œuvres aient dépassé les évaluations initiales du catalogue.
« Le marché est porteur et les prix se maintiennent à de hauts niveaux », ajoute Nada Boulos-Assad, qui estime cependant que la cote des artistes libanais et régionaux pourrait bientôt plafonner, après une période de hausse.
Parmi les vedettes de l'adjudication figure un dessin sur papier (non daté) représentant une table de jeu à l'hôtel Sofar en 1945 du peintre Mustapha Farroukh (1901-1957) où l'on peut reconnaître une quarantaine de personnages historiques. Estimée entre 3 000 et 4 000 dollars, cette encre de Chine s'est vendue pour 10 000 dollars à prix marteau – montant adjugé par le commissaire-priseur sans la commission (15 %) de la salle de vente – après une longue bataille entre deux collectionneurs privés.

On note également la vente d'un très joli nu féminin de César Gemayel (1898-1958), adjugé à 29 000 dollars quand son évaluation oscillait entre 20 000 et 25 000 dollars.
« Georges Cyr, Mustapha Farroukh, Omar Ounsi ou César Gemayel sont des artistes modernes, très prisés au Liban où leurs œuvres rappellent un "temps qui n'est plus", celui d'un Liban d'avant-guerre. Ils sont en revanche boudés des marchés internationaux », explique Nada Boulos-Assad qui présentait une quinzaine de leurs œuvres lors de cette vente aux enchères.
Dans cette veine « nostalgique », la palme revient sans conteste à une grande toile du lac Qaraoun (Békaa). Vraisemblablement peinte aux alentours de 1940, cette représentation bucolique de Saliba Douaihy (1915-1994) a trouvé preneur à 120 000 dollars, soit légèrement au-dessus de son estimation catalogue (80 000-100 000 dollars).

At Auction proposait également plusieurs œuvres de Paul Guiragossian (1926-1993) dont une toile sans titre non datée. Estimée entre 70 000 et 120 000 dollars, elle a été adjugée à 100 000 dollars.
Autre grande vedette de la vente : le peintre Chafic Abboud (1926-2004). L'une de ses toiles, dénommée Le Jardin des Poètes II (1999) – dont le titre évoque le poète Salah Stétié –, est partie à 110 000 dollars.
Parmi les autres succès de la vente, on remarque la vente d'aquarelles ou de dessins d'artistes modernes ou contemporains à des prix plus modiques. Ainsi, deux aquarelles, dont la facture rappelait celles d'Egon Schiele, du peintre Marwan Sahmarani (1970) sont parties pour 1 800 dollars chacune.
Le prochain rendez-vous des collectionneurs d'art du Moyen-Orient est prévu à Dubaï, à l'occasion de la vente Christie's, le 18 mars, où figureront plusieurs œuvres d'artistes libanais comme Paul Guiragossian, Chafic Abboud ou Saliba Douaihy, ainsi que des artistes contemporains comme Ayman Baalbaki ou Tagreed Darghouth.