Dans le viseur des autorités américaines, le président du conseil d'administration de la Middle East Africa Bank (MEAB), Kassem Hjeij, a démissionné le 16 juin de son poste en faveur de son fils, Ali Hjeij.

Le 10 juin, le département du Trésor des États-Unis a annoncé avoir pris des sanctions financières à l'encontre de trois personnalités libanaises soupçonnées d'appartenir au Hezbollah ou de traiter avec lui. Le parti chiite est toujours considéré comme une organisation terroriste par le département d'État américain même s'il a été exclu du chapitre consacré aux menaces terroristes contenu dans le dernier rapport annuel remis en février au Sénat américain par le directeur du renseignement national.

Si le nom de Kassem Hjeij figure bien sur la liste aux côtés de celui du promoteur immobilier Adham Tabaja – impliqué au même titre que son groupe al-Inma' – et de Hussein Ali Faour, propriétaire d'un centre automobile à Beyrouth, MEAB n'a toutefois pas été citée ad nominem par les autorités américaines. La direction de la banque semble néanmoins avoir pris la mesure de cette accusation en assurant, dans une déclaration faite au Daily Star, que Kassem Hjeij n'avait désormais « plus aucun lien avec la gouvernance de l'établissement ».
Dans un communiqué publié sur le site Internet de la banque, le nouveau président, Ali Hjeij, a tenu à assurer que la banque « respectait les normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme ». Le communiqué fait expressément référence aux mesures imposées par le Bureau de contrôle des avoirs étrangers du département du Trésor américain (Office of Foreign Assets Control – OFAC) ainsi que l'Union européenne et les Nations unies. Interrogé par L'Orient-Le Jour, la direction de MEAB n'a pas souhaité fournir davantage de précisions, affirmant simplement que « l'affaire était close ».

Le gouverneur de la Banque du Liban a de son côté déclaré dans plusieurs médias que cette affaire « n'aurait aucun impact sur le secteur bancaire libanais ». Contactée par L'Orient-Le Jour, l'Association des banques du Liban (ABL) affirme partager cette analyse et ne pas vouloir faire d'autres commentaires sur cette affaire.

Fondée en 1991, MEAB est classée depuis 2009 parmi les banques beta – dépôts compris entre 500 millions et 2 milliards de dollars – par la société de conseil et d'édition Bankdata. Depuis cette date, MEAB a affiché une croissance très importante de ses dépôts, à un rythme annuel avoisinant les 40 %.