Karim Gabriel Sacy n’aura passé officiellement que deux semaines à la tête de la Commission de contrôle des assurances. Décidée par le ministre de l’Économie, l’officialisation de sa nomination en tant que président par intérim, en attendant sa confirmation par le Conseil des ministres, avait été publiée au Journal officiel le 15 octobre dernier. Mais quinze jours plus tard, pour des raisons administratives, Alain Hakim a dû revenir sur sa décision et réattribuer le titre de président par intérim à la directrice de l’unité de contrôle financier, Nadine el-Habbal.
« Le ministère des Finances a refusé de reconnaître la signature de Karim Sacy avant l’approbation du Conseil des ministres, ce qui empêchait le versement des salaires des employés de la commission », a expliqué le ministre au Commerce du Levant. « La démarche n’était pourtant pas exceptionnelle. Le cabinet ne se réunissant pas depuis plusieurs mois, les ministres procèdent à des nominations appelées à être régularisées de manière rétroactive. C’est ainsi par exemple qu’a été nommé récemment le conseil d’administration d’un hôpital public dans le Nord », s’indigne Alain Hakim qui dénonce des “pressions politiques”.
La Commission de contrôle des assurances était présidée par Walid Genadry depuis 2002.
À la fin du mandat de ce dernier, le ministre de l’Économie a proposé son remplacement par Karim Sacy. « Jeune, expérimenté, non partisan et venant de l’étranger, il avait le profil recherché », affirme Alain Hakim. Titulaire d’un MBA de l’École supérieure des affaires (Esa) et ancien vice-président responsable du développement de Bowring Marsh Dubai, une société de courtage et de gestion des risques, Karim Sacy remplissait en outre le bon critère confessionnel, puisque le poste revient habituellement à un chrétien grec-catholique.
Le ministère a soumis sa candidature au Conseil des ministres il y a huit mois. Et le jeune homme a obtenu l’aval de toutes les composantes politiques, grâce à un profil non politisé et ses 17 ans d’expérience. Mais le gouvernement est bloqué depuis, ce qui a empêché l’officialisation de la nomination, déplore Alain Hakim. « J’ai considéré qu’il fallait s’atteler au plus tôt à dynamiser le secteur des assurances qui ne pèse aujourd’hui que 1,5 milliard de dollars au Liban, car son potentiel est inexploité. » Freiné dans son élan par la réalité politique et administrative, le ministre de l’Économie affirme avoir demandé au Premier ministre de placer ce sujet en tête des priorités du prochain Conseil des ministres. Karim Sacy, qui avait réservé son premier entretien au Commerce du Levant avant d’être contraint de lâcher le nouveau poste dans lequel il s’était pleinement investi, est déjà reparti à Dubaï.