Malgré les tensions qui pèsent sur l’économie libanaise, notamment consécutives aux menaces de rétorsion formulées par l’Arabie saoudite, les agences de notation internationales n’envisagent pas de dégrader la note souveraine du Liban en deçà de B-. La banque d’investissement américaine Merrill Lynch estime en effet que la décision saoudienne de suspendre son aide de quatre milliards de dollars aux forces spéciales libanaises reste « relativement symbolique » et ne devrait pas causer « d’instabilité financière » dans le pays. Un avis partagé par Moody’s qui affirme que les appels émis par les pays du Conseil de coopération du Golfe déconseillant tout voyage au Liban à leurs citoyens n'auront qu'un impact limité à court terme sur la situation extérieure et budgétaire du pays. Notamment parce que la part des visiteurs en provenance des pays du Golfe a déjà chuté de moitié entre 2011 et 2015 (-55 %), principalement pour des motifs sécuritaires et liés à la fermeture des routes syriennes.
 
Merrill Lynch rappelle en outre que Riyad n'a pas retiré ses dépôts à la Banque du Liban, qu'elle estime à un milliard de dollars. Alors que ces placements arrivent à terme en juillet 2016, la banque prévoit même qu'ils seront reconduits tant que les tensions ne s'amplifient pas. La banque signale également que la croissance des dépôts n'a pas changé par rapport au dernier trimestre 2015, avec les dépôts des non-résidents augmentant de 5 % par an, tandis que les actifs de la BDL en devises étrangères étaient globalement stables fin février.
 
L'agence de notation financière Standard & Poor’s a toutefois exprimé quelques mises en garde. Si elle a maintenu la note souveraine du pays à « B-/B » à court et long termes, elle annonce une « perspective négative » face à l'impasse politique locale et l'escalade des tensions régionales. S&P note que la capacité du gouvernement à assumer le service de la dette reste tributaire de la solidité des dépôts bancaires et de la volonté du secteur financier de continuer à acheter des obligations souveraines. Cette dépendance vis-à-vis des banques locales – qui détiennent près de la moitié du total de la dette publique – et de la Banque centrale (23 %) est une « faiblesse structurelle », rappelle l’agence. Elle estime que les besoins d'emprunts bruts de l'État représenteront environ 26 % du PIB en 2016, tandis que le ratio déficit public/PIB devrait se creuser de 0,6 point en rythme annuel, à 8,7 % en 2016. Le déficit des comptes courants devrait, lui, baisser à 18,4 % du PIB en moyenne entre 2016 et 2019, contre une moyenne de 23 % entre 2012 et 2015.