Premier signe d’apaisement ! Dans son édition du jeudi 16 juin, le quotidien Al-Akhbar affirme que la banque centrale a demandé aux banques libanaises de rouvrir certains des comptes d’institutions et de leurs employés dont les avoirs avaient été précédemment gelés. 

Cette décision intervient alors que de nombreuses réunions ont eu lieu depuis le début de la semaine entre le gouvernement et les autorités bancaires afin de trouver une « porte de sortie » à la crise ouverte entre le Hezbollah et la communauté bancaire depuis l’entrée en vigueur du « Hezbollah International Financing Prevention Act of 2015 » (HIFPA 2015). Cette loi américaine, qui a été votée fin décembre par le Congrès américain, a été transcrite, en mai dernier, dans des circulaires de la Banque du Liban.

Une centaine de comptes bancaires liés à des institutions ou des personnes, proches du Hezbollah ont été en effet gelés depuis l’entrée en vigueur de la loi américaine au Liban.

« De par la loi, vous avez des personnes ou des institutions qui figurent sur la liste Ofac (ndlr : Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain). Dans ce cas, les banques ont l’obligation de fermer leurs comptes immédiatement sans autre formalité », a ainsi assuré Riad Salamé lors d’un entretien sur la chaîne américaine CNBC, mercredi 08 juin.

Dans la foulée de ces déclarations, certains journaux avaient même évoqué la fermeture de quelque 3000 comptes bancaires au total.

L’article du quotidien libanais précise également que les actifs de ces déposants seront transférés vers une liste de banques, prédéfinie par la BDL.

Si elle se confirme, cette décision de la banque centrale pourrait s’interpréter comme « geste d’apaisement » de la part du gouverneur, qui tente là de désamorcer la crise ouverte entre le Hezbollah et les banques. Une crise qui a connu son point culminant, dimanche 12 juin, avec l’attentat (non revendiqué) contre le siège de la Blom Bank. Une banque que différentes sources pointent du doigt pour son « excès de zèle » voire son « empressement » à geler les comptes d’institutions ou de particuliers de la communauté chiite.

La presse évoquait le cas d’al-Mabarrat, l’association de feu Hussein Fadlallah, dont au moins un centre hospitalier, l’hôpital Bahman, avaient vu l’ensemble de ses comptes clôturés.

D’autres comme Al-Imdad, l’organisme qui chapote l’ensemble des institutions caritatives du Hezbollah, sur la liste de l'Ofac, sont également concernés.

On ignore pour l’heure sur quels critères ses réouvertures de comptes s’effectueront. Riad Salamé entend-il ici réparer une injustice, en rouvrant le compte de personnes ou d’institutions dont les noms ne figuraient pas sur la liste des sanctions américaines ? Ou bien doit-on envisager que certaines des entités blacklistés puissent être aussi concernés par l’opération ?

L’article du Akhbar donne peut-être un premier indice : « Le Hezbollah a noté que, dans la banlieue sud ou dans des régions où il est influent, les établissements bancaires, les plus en pointe [dans la fermeture des comptes, NDLR], ont désormais cessé d’appeler les clients, dont les noms n’apparaissaient pas dans la liste de sanctions américaines, pour leur demander de fermer leur comptes », affirme le quotidien.

Reste à savoir si le Hezbollah s’en contentera.