Le congrès américain s’apprête à durcir les sanctions imposées au Liban dans le cadre de la loi « Hezbollah International Financing Prevention Act of 2015 », votée fin décembre 2015. L’information, révélée par les quotidiens An-Nahar et Al Akhbar début avril, a été confirmée le 24 avril par le Président de la république, Michel Aoun. « Le projet de loi en préparation actuellement au Congrès américain, et qui vise à imposer de nouvelles sanctions à des partis libanais, des institutions et des particuliers, va faire beaucoup de tort au Liban et à ses citoyens. Nous sommes en train d'entreprendre des contacts pour éviter que cette loi soit votée », a-t-il déclaré devant une délégation de l'association American Task Force for Lebanon qui œuvre pour le développement de la coopération libano-américaine. Selon un projet de loi publié sur le site du Akhbar, intitulé  « Hizballah International Financing Prevention Amendments Act of 2017 » mais dont la source n’est pas attestée, les sanctions qui visaient les cadres du Hezbollah en 2015 seraient élargies à toutes les personnes et entreprises ayant un lien avec le parti chiite, ou des institutions affiliées. La radio Al Nour, le Lebanese Media Group, Bayt al Mal et Jihad al Bina rejoignent ainsi la télévision Al Manar, déjà identifiée dans la loi de 2015. Les sanctions ne concerneront plus seulement les banques centrales et les institutions financières en lien avec le parti chiite, mais s’étendront désormais à toute agence ou pays qui fournit une aide financière, matérielle, technologique et/ou en armement au Hezbollah, ou qui agi en son nom. Une récompense financière pourrait également être versée aux fonctionnaires étrangers, qui dévoileraient, durant l’accomplissement de leurs fonctions, des informations concernant les activités de financement et de blanchiment d’argent menées par le Hezbollah ou toute autre entité lui étant affiliée.
Le texte mentionne par ailleurs l’élaboration d’un rapport régulier sur la richesse des cadres dirigeants du Hezbollah, la provenance de l’argent qu’ils perçoivent et la façon dont ils le dépensent. Cette surveillance concernera le Secrétaire Général du Hezbollah, les membres du bureau politique du parti, ses ministres et ses membres au Parlement. Le financement du parti et ses dépenses seront également surveillées de près. La surveillance concernera aussi les membres du mouvement Amal, allié du Hezbollah, dont le nom est mentionné pour la première fois dans un projet de sanctions américaines.
L’entrée en vigueur de la loi américaine en 2016 et son application par le secteur financier libanais avait conduit à une crise sans précédent entre la communauté bancaire et le Hezbollah. Par crainte des représailles américaines, les banques avaient fermées ou gelés des centaines de comptes liés à des institutions ou des personnes proches du parti, allant parfois même au-delà de la liste de noms publiée par le Trésor américain. Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, était toutefois parvenu à circonscrire la crise, en veillant à ce que le secteur bancaire ne mette en œuvre que le strict nécessaire pour éviter une rupture des relations avec le système financier américain. L’éventuelle adoption d’un nouveau train de sanctions s’est donc naturellement invitée dans le débat sur les futures nominations à la Banque du Liban. Les milieux politiques et financiers semblent plaider pour une reconduction, pour la quatrième fois consécutive, du mandat de Riad Salamé qui s’achève fin juillet. Une reconduction justifiée par la nécessité de gérer les nouvelles sanctions, mais aussi les conséquences de l’ingénierie financière mise en place l’année dernière.