La compagnie Phoenicia Aer Rianta (PAC) a remporté l’appel d’offres sur l’exploitation des boutiques hors taxes de l’aéroport international de Beyrouth pour une durée de quatre ans. PAC gère déjà cet espace d’environ 6 000 mètres carrés depuis quinze ans, mais le montant qu’elle devra désormais payer à l’État est cinq fois plus important que celui dont elle s’acquittait jusque-là. La société avait remporté le marché en 2002 pour une durée de quatre ans. Son contrat avait été renouvelé en 2006, puis prolongé annuellement depuis 2010.
Suite à l’appel d’offres lancé en avril par la Direction des adjudications, PAC s’est engagée à verser à l’État une somme fixe de 111 milliards de livres libanaises par an (74 millions de dollars), à laquelle s’ajoute une rémunération variable en fonction de la fréquentation de l’aéroport. « Si l’on se base sur le nombre de voyageurs en 2016, soit 8 millions de personnes, la prime s’élève à 3,25 dollars par passager et donc 26 millions de dollars par an », a expliqué Georges Attieh, le directeur de l’Inspection centrale, dont relève la Direction des adjudications. Les recettes annuelles attendues par l’État s’élèveraient ainsi à près de 100 millions de dollars par an (soit 400 millions sur quatre ans), alors que le montant cumulé payé par l’entreprise ces 15 dernières années est de seulement 170 millions de dollars. Les résultats de l’appel d’offres ont d’ailleurs fait réagir le ministre d’État contre la corruption, Nicolas Tuéni. Dans un tweet, ce dernier a dénoncé la dilapidation des fonds publics durant des années et s’est félicité d’une hausse des revenus de l’État « de 18 à 99 millions de dollars par an ». Selon le registre du commerce, PAC est une entreprise libanaise majoritairement détenue (à 45,15 %) par Phoenicia International Holding, dont la maison mère (Phoenicia Enterprises) n’est pas enregistrée au Liban. Parmi ses autres actionnaires, figurent une filiale de la compagnie irlandaise spécialisée dans la gestion des zones hors taxes, Aer Rianta Middle East (21,18 %), ainsi que Audi Investments Holding (25,55 %) et Fattal Holding (5 %). Elle est dirigée par Mohammad Zeidan, un homme d’affaires de Saïda, réputé proche du courant du Futur.
PAC a présenté une offre largement supérieure à celle de sa concurrente, Lagardère Travel Retail, une filiale du groupe français Lagardère SCA, qui avait proposé une somme fixe de 46 millions de dollars par an (à laquelle s’ajoute la prime de 3,25 dollars par passager). La rémunération fixe minimum exigée par l’État était de 45 milliards de livres libanaises, soit 30 millions de dollars.
Trois autres sociétés (World Duty Free Group, Safety and Security Solutions et DFS Group) ont répondu à l’appel d’offres, mais elles ont été disqualifiées, car elles ne remplissaient pas toutes les conditions du cahier des charges. L’une d’entre elles, World Duty Free, a contesté le résultat de l’adjudication et saisi le Conseil d’État, mais ce dernier ne lui a pas donné raison.