La crise financière de 2007 : le sujet peut sembler manquer de glamour. Pourtant, l’économiste américain Alan Blinder nous embarque dans un passionnant essai, qui mêle l’économie à une chronique d’actualité. Cette lecture est hautement recommandée pour comprendre les causes et les mécanismes de la “pire crise” qu’a connue le monde depuis 1929. Mais il est surtout d’une grande clarté (ce qui pour un livre d’économie s’avère rare). Pour Alan Blinder, depuis la fin des années 1990, les États-Unis ressemblaient à des coyotes des dessins animés, courant dans le vide jusqu’à ce que la gravité terrestre les fasse chuter. Dans son essai, Alan Blinder relate cette page de l’histoire récente depuis la crise des crédits immobiliers (“subprimes”) jusqu’aux solutions mises en place par le président George Bush. Par une savoureuse ironie de l’histoire, c’est cet ultralibéral, qui décidera de nationaliser l’assureur AIG, financera les banques à travers un programme d’aide massif… Le titre de cet essai fait référence à la célèbre déclaration de Chuck Prince, ex-PDG de la banque Citigroup, qui déclarait peu avant que la première bulle immobilière n’explose : « Quand la musique s’arrêtera, les choses deviendront compliquées, mais tant que la musique se joue nous dansons. » Comme souvent, la musique s’est tue brusquement, laissant la “fourmi” – l’Amérique et le monde tout entier – fort dépourvue. Aujourd’hui encore, les grandes nations paient le prix fort de cette gigantesque crise financière : croissance ralentie, déficit alarmant, chômage en hausse…
Professeur à l’université de Princeton, chroniqueur au Wall Street Journal et ancien vice-président de la Federal Reserve Board, Alan Blinder est un expert.
“After the music stopped the financial crisis, the response
and the work ahead“, d’Alan S. Blinder (en anglais) Penguin Book, 2013, 20 dollars.