À moins de 40 ans, l’Américaine Taryn Simon figure parmi les jeunes photographes les plus recherchées par les musées internationaux et des mieux cotées sur le marché de l’art. La Tate Gallery de Londres, le MoMa de New York, la Neue Galerie de Berlin se la sont arrachés dans le passé. Le Jeu de Paume parisien l’accueillera à son tour, début 2015, pour une quasi-rétrospective…  Alors Beyrouth ? La capitale libanaise semblait loin de pouvoir rivaliser avec ces monstres sacrés de l’art contemporain. Pourtant, la galerie Tanit (Mar Mikhaël), qui l’expose jusqu’au 28 novembre, a persuadé l’artiste de faire escale de ce côté-ci de la Méditerranée. « Ce n’est pas la première fois qu’elle vient au Liban. Dans un précédent travail, elle s’était déjà intéressée à des familles druzes pour retracer leur lignage », assure l’un des membres de l’équipe de la galerie. Pour les intéressés, certains de ses clichés (94x113, édition limitée) sont en vente, entre 25 et 30 000 dollars. Certains ont déjà été vendus.
Dans “An American Index of the Hidden and Unfamiliar”, réalisé en 2007, Taryn Simon présente un inventaire improbable des lieux étranges et insoupçonnés des États-Unis. Par exemple, un site où on “cryogénise” le corps des morts pour leur redonner vie dans un lointain futur… Une clinique où des chirurgiens recousent l’hymen de femmes ayant trop “fauté” avant leur mariage…
Au travers de ses clichés, l’artiste évoque bien sûr le fossé entre les connaissances des spécialistes et celles du grand public. Mais dans ce jeu entre « ce que l’on cache, ce que l’on montre », Taryn Simon révèle surtout ces “petits riens” obscurs, pourtant constitutifs de l’Amérique, de sa mythologie et de son fonctionnement quotidien.
“An American Index of the Hidden and Unfamiliar”, Taryn Simon, galerie Tanit, 70/557662