C’est toujours un problème avec le Festival de danse contemporaine Bipod : chaque année, il faut choisir entre une trentaine de spectacles, venus des quatre coins de la planète. Et cette année s’affiche comme un cru exceptionnel. D’une part, parce que ce festival de danse contemporaine quitte le havre douillet du théâtre al-Madina pour une salle plus grande que Bipod construit vers la fin de Mar Mikhaël, face au Forum de Beyrouth. D’autre part, parce que la programmation 2017 est d’une qualité à vous donner envie de reprendre tutu et ballerines derechef. Cependant, « s’il n’y en avait qu’un seul  à voir », ce serait le spectacle Far (2010) de Wayne Mac Gregor, le chorégraphe britannique, associé au Royal Ballet de Londres et fondateur de la Random Dance Company. Une chance pour ceux qui ont raté le touffu Tree of codes joué au palais Garnier à Paris cet hiver. On devrait y retrouver ces mêmes corps étirés, ces torsions et ces sauts qu’on pourrait presque croire impossibles au corps humain. Autre spectacle à ne pas rater : Le poids des éponges (2003) du chorégraphe brésilo-genevois Guilherme Botelho et de sa compagnie Alias. Une pièce où l’intime, le décousu, voire le surréalisme nous ordonnent de revoir nos certitudes sur les relations humaines : devant nous, par trois fois, un couple explose en plein vol tandis qu’une adolescente impose son spleen à la scène tout entière… À voir également le portrait que trace Lutz Förster de lui-même. Ancien danseur de la troupe de Pina Baush, il nous offre à 64 ans ces Dances stories dont on ne voudrait manquer pour rien au monde les intimes révélations. Difficile également de passer à côté de l’ensemble Dance on, une reprise de Catalogue (William Forsythe), de Seven dialogue (du compositeur  Matteo Fargion) et de Man made (Jans Martens).  À noter d’ailleurs que l’artiste libanais Rabih Mroué propose le lendemain sa propre contribution à l’ensemble Dance on avec Water between 3 hands. On est également très tenté par la transfiguration de Médée, la pièce d’Euripide, revue par Thomas Noone, un chorégraphe britannique installé en Espagne. Ce spectacle, pour six danseurs, présenté en 2016, à Londres, insuffle au mythe une puissance  dramatique nouvelle. Enfin, on ne saurait trop recommander aux curieux de s’intéresser aussi à Nacera Belaza (Sur le fil) très derviche tourneur ou encore à Helena Waldanne (Good Passports Bad Passports) dont la relation entre danse et politique nous intrigue.
Beirut International Platform of Dance, du jeudi 13 au samedi 29 avril 2017, billets en vente à la librairie Antoine.