Quelque chose a changé depuis les beautés aquatiques des Nymphéas de Claude Monet. À l’époque des impressionnistes, il est vrai, nul effet de serre, nul réchauffement terrestre, encore moins de désordre climatique ou tsunami intempestif.
Mais face à la montée du risque écologique, les scientifiques ne sont plus seuls à tirer le signal d’alarme. Les artistes aussi s’en inquiètent. Les premiers signes d’un “art écologique” datent des années 1970, quand l’Argentin Nicolas Uriburu (1937) déversa dans le grand canal de Venise un colorant vert fluo pour dénoncer la pollution de l’eau. D’autres le suivirent : Robert Smithson (1938-1973), pionnier du Land Art américain, salissait la campagne des environs de Rome de vomissures d’asphalte pour des photos chocs qui dénonçaient les ravages de notre mode de vie.
Jusqu’à présent, peu d’artistes de la région s’étaient montrés sensibles à cette problématique. Les choses pourraient changer avec cette ambitieuse exposition, montée par le Musée Sursock, qui invite des plasticiens libanais et internationaux à se poser le problème de l’activité humaine pour le devenir du globe et à « lancer des discussions dans la sphère publique (…) autour de l’art, de la durabilité et de la pensée écologique qui sont d’une importance cruciale pour mobiliser une collaboration créative dans la région et au-delà ». Pour ces artistes, l’écologie relève d’une pensée qui nourrit leur art. Parmi eux, des artistes étrangers comme Nicolas Mangan, Pedro Neves-Marques, ou Ursula Biemann. Côté libanais, on retrouve avec bonheur le tandem Hadjithomas-Joreige, Marwan Rechmaoui, ou encore Adrian Lahoud, doyen de la faculté d’architecture au Royal College of Art, Londres, dont l’œuvre “La forme de l’éclipse” sera installée sur l’esplanade du Musée Sursock tout au long de l’exposition.
Musée Sursock, www.sursock.museum, du 13 juillet au 17 octobre 2016.