Larry Brown est mort en 2004, quasi inconnu du grand public. Mais cet écrivain, ex-bûcheron, ex-pompier, qui connaissait par cœur les forêts sauvages du Mississippi, a laissé une œuvre dense où tous ceux qui comptent dans le “rough South” américain (le Sud profond) se croisent. Dans ses romans d’un réalisme noir, Larry Brown évoque une humanité de damnés, qui tentent toujours d’expier leurs fautes, mais n’y parviennent jamais tout à fait. Ce roman, “Joe”, date de 1991. Il vient toutefois d’être republié en français à l’occasion de la sortie du film éponyme avec Nicolas Cage.
“Joe” raconte l’histoire de Joe Ransom, quinquagénaire, divorcé et ex-taulard, qui tente d’oublier son passé en menant une vie tranquille dans une petite ville du Texas. La journée, il travaille pour une société d’abattage d’arbres, la nuit, il picole. Un jour, sur la route, il rencontre Gary Jones, un adolescent de 15 ans. Celui-ci cherche désespérément du travail pour faire vivre sa famille : une mère apathique et foldingue, un père criminel et alcoolique, qui le bat, et une sœur cadette qui a cessé de parler.
Un lien affectif, presque filial, se noue assez vite. Pour Joe, il s’agit peut-être de racheter ses “crimes” passés – sa femme abandonnée pour l’alcool, sa fille abandonnée – en devenant le protecteur et le mentor du jeune homme. Mais il s’agit avant tout de sauver un môme encore innocent avant que la vie ne se charge de le corrompre définitivement.
Larry Brown, “Joe”, 336 pages, édition Gallmeister, collection Totem, 15 dollars.