Mathias Menegoz a été couronné en novembre dernier en France par le prix Interallié pour son premier roman, “Karpathia” (éditions P.O.L.). Cette fresque historique se déroule aux confins des Balkans et de la Transylvanie, au XIXe siècle, sur fond de féodalité et (tout de même) de vampires.
L’auteur de 46 ans, scientifique de formation, signe un ample roman (plus de 600 pages !) d’une belle puissance romanesque. « J’ai écrit ce roman, car j’avais besoin d’évasion. Je sortais d’un doctorat de neurobiochimie et cherchais à m’évader », explique Menegoz. La qualité romanesque de ce livre est son point fort comme sa faiblesse : l’écrivain Jean-Marie Rouart, membre du prix Interallié, le dit ainsi à l’AFP : « La seule critique que l’on puisse faire à ce roman, qu’on ne lâche pas jusqu’à la fin, c’est qu’il est archiclassique. »
C’est aussi le siècle choisi qui explique ce classicisme : l’histoire débute à Vienne dans les années 1830. Le comte Alexander Korvanyi décide de quitter l’armée impériale pour épouser une jeune Autrichienne, Cara von Amprecht, au caractère impétueux. Aussitôt, les deux époux partent vivre aux confins de l’Empire sur les terres des ancêtres Karnanyi, en Transylvanie. En 1833, cette région est une mosaïque complexe, peuplée de Magyars, de Saxons et de Valaques. D’un village à l’autre, on parle hongrois, allemand ou roumain ; on pratique différentes religions, on est soumis à des juridictions différentes. Dès leur arrivée, les époux Korvanyi sont confrontés à une série de crises allant bien au-delà des problèmes de gestion d’un domaine abandonné. Des enlèvements d’enfants mettent le feu à la poudrière : on croit à un loup, on se retrouve confronté à un groupe de forestiers, dont la révolte porte en germe les premiers ferments du nationaliste de la région. Un livre à dévorer, en découvrant l’histoire d’une région presque aussi “compliquée” que le Levant.
Mathias Menegoz, “Karpathia”, éditions P.O.L., 704 pages,
25 dollars