Nouvelle foire, nouvelles tendances, en Europe, pour l’art contemporain. Comme toujours, les Libanais n’étaient pas loin. Cette fois, en tant que galeristes.

La foire de Strasbourg a pour vocation de présenter à un public européen les nouvelles tendances de l’art contemporain. À cet effet, les galeries participantes sont, comme chaque année, sélectionnées avec soin par les organisateurs. Parmi les 103 galeries européennes, deux d’entre elles appartiennent à des Libanais installés à Paris depuis plus de dix ans. Ainsi, durant les premiers jours de février, amateurs et collectionneurs ont pu se ressourcer devant les œuvres choisies de nos galeristes franco-libanais. Il s’est agi là de :
• La galerie Modus-Vivendi faisant siège à Paris 3e, Place des Vosges. Elle a été fondée en 1994 par trois Libanais : Kifah Yehya, Mark Hachem et Richard Elmir.
Durant la foire, ils ont présenté au public les œuvres de Nic Billio, Ruth Bloch, Sophie Bonnet, Nadine Debay, Loni Kreuder, les peintures et humanoïdes de Vincent Magni, Marie Marziac, Tolla et les superbes sculptures de Vea Xiradakis représentant des bustes féminins en forme de livre. Depuis plusieurs années, ils exposent régulièrement leurs artistes sur le marché américain, tels New York et Miami. Nous les avons également vus exposer à Beyrouth lors d’“Artuel 98 et 99” au Beirut Hall. Telle est l’équipe jeune et dynamique de Modus-Vivendi ! La galerie est consultable sur le site : www.galerie-modus.com
• La galerie Samagra est située rue Jacob, dans le 6e arrondissement de Paris. Elle a été créée en 1989 par Roy Sfeir. Celui-ci a présenté lors de “St’art 2000” les peintres Ronald Dupont, Dominique Ehrhard, Jeanne Lorioz, Jean-Yves Madec et Laurent Quevaulliers. Roy Sfeir organise chaque année, en plus de son activité en sa galerie, une exposition de sculptures monumentales à l’Hôtel-Dieu de Paris. Cette année, celle-ci aura lieu en juin 2000. Pour plus d’informations, on peut consulter le site de la galerie au : www.galerie-samagra.com

Les “fractalistes”

Cette année, la particularité de “St’art” a été à l’art fractaliste, nouvelle tendance du début des années 80 et développée pour ce début du XXIe siècle. Cet art en pleine expansion reste encore inconnu de nos artistes libanais.
L’art fractaliste est un mouvement artistique regroupant une dizaine d’artistes internationaux contemporains. C’est un art en mouvement : la fragmentation, la complexité, la prolifération des formes engendrent de nouvelles perspectives et apportent une nouvelle vision du monde.
Certains artistes se sont intéressés aux applications que la géométrie pouvait avoir dans l’art. À cette époque, ils ne parlaient pas encore d’art fractaliste, mais s’intéressaient aux applications du fractal définies par la géométrie de Benoît Mandelbrot et la physique du chaos. Ils se passionnaient pour le rapport entre l’ordre et le désordre, les scientifiques ayant démontré grâce à la géométrie fractaliste que la nature et notre environnement sont faits d’ordre et de désordre à toutes les échelles.
Les fractalistes utilisent chacun leur propre technique (peinture multimédia, sculpture, musique et autre), mais ils sont unis par la même pensée : ils proposent une vision du monde et de la société où l’ordre et le désordre sont en constant changement. L’une des principales idées de cet art est qu’on peut observer l’Homme dans la société à différentes échelles. Il existe ainsi une infinité de perspectives que l’art fractaliste traduit à tous les échelons.
Ces œuvres sont dynamiques, mouvantes et traduisent différentes façons de voir le monde. Par leur arborescence, Internet et la culture peuvent être considérés comme l’emblème du fractaliste universel. Cette nouvelle conception artistique se définit par les quatre critères suivants :
• L’excès, la saturation de l’espace – chaos par excès d’informations visuelles.
• L’autosimilarité – la répétition des formes qui noie la singularité dans la multiplicité.
• La simultanéité d’échelles différentes.
• Le principe de réseau.
Ainsi, le marché européen de l’art à Strasbourg a permis aux artistes de satisfaire leur double vocation : interpeller leurs contemporains par cette vision libre du monde et s’inscrire dans la vie en acceptant la critique des amateurs.