Situé dans le secteur Sodeco, Le5 Achrafié est un immeuble résidentiel de cinq appartements qui sera livré à la fin de l’année. Entretien avec Karim Dalloul, le copropriétaire de la société à l’origine du projet, Stonemason. 

Quand avez-vous fondé Stonemason ?
La société a été créée en 2009. Nos premiers projets ont vu le jour à Bchamoun, où nous avons livré, entre 2013 à 2015, deux immeubles situés à côté du collège Louise Weigmann avec un total de 19 appartements dotés de surfaces allant de 136 à 232 m2. En 2014, nous avons démarré le projet Le5 à Achrafié. Nous sommes à la fois promoteur immobilier et constructeur. Notre modèle de fonctionnement est le suivant : nous achetons nous-mêmes la parcelle sans passer par un prêt bancaire, puis nous cherchons des partenaires pour financer une partie des travaux. Cette formule nous permet d’être indépendant des banques, ce qui est une position enviable dans le contexte actuel.

Pourquoi avoir investi à Bchamoun ?
Il y avait une demande. La dynamique immobilière à Bchamoun s’explique en partie par la saturation et la congestion de Aramoun. Les familles expatriées et locales voient en Bchamoun une alternative pas chère. Avec le budget d’un 100 m2 à Beyrouth, il est possible d’acheter un 200 m2 à Bchamoun.

Comment s’y sont déroulées les ventes ?
Quand la situation politique était difficile, nous n’avions pas de client. Maintenant que nous avons des clients, les prêts bancaires subventionnés sont à l’arrêt. Il y a toujours quelque chose pour freiner le marché immobilier ! Il nous reste actuellement deux appartements à vendre à Bchamoun, de 163 et 200 m2, à partir de 220 000 dollars. Nous avions deux clients intéressés qui misaient sur un prêt subventionné de 180 000 dollars, à compléter par un apport personnel de 40 000 dollars. Mais avec la suspension des prêts, ils ne peuvent plus acheter. S’ils demandent un prêt classique à une banque, les taux d’intérêt demandés sur quinze ans vont doubler le prix d’achat de l’appartement.

Comment faire pour relancer les ventes ?
Nous avons tout essayé, la publicité, les réseaux sociaux et les sites internet de vente d’appartements. Nous avons contacté les agents immobiliers. Le constat est terrible. Le marché est catastrophique.

Est-ce qu’une baisse des prix pourrait éventuellement attirer les acheteurs ?
Nous avions baissé nos prix en 2017 afin de réaliser deux ventes. Aujourd’hui, le problème n’est pas le prix, mais la suspension des prêts subventionnés. Même les appartements à moins de 150 000 dollars à Bchamoun ne se vendent plus. Il faut des acheteurs qui paient cash, mais ils sont rares. Près de 90 % de nos clients prenaient un prêt bancaire.

Comment se structure le projet Le5 à Achrafié ?
C’est un petit immeuble de cinq appartements : un simplex de 124 m2 et quatre duplex de 237 m2. Le concept était de créer un immeuble privé qui se démarque des complexes résidentiels avec des dizaines d’appartements. Le5 se trouve à Sodeco, sur l’axe qui relie Sodeco au Grand Lycée. Notre grille commence à 3 500 dollars le m2.

Comment réagissent les clients ?
Les gens savent que le marché est en crise, que les prix baissent et qu’il y a de plus en plus d’invendus. Ils se renseignent, visitent et comparent, mais ils cherchent surtout un promoteur en difficulté pour essayer d’avoir le meilleur rabais possible.

Quelle est votre stratégie dans un contexte aussi difficile ?
Le marché traverse une période difficile. Heureusement, nous n’avons pas de prêt bancaire à payer et le projet d’Achrafié est déjà sécurisé. Si nous n’arrivons pas à vendre à Achrafié, nous louerons les appartements. Nous estimons leurs valeurs locatives autour de 2 500 dollars par mois.

Avez-vous encore l’appétit pour lancer de nouveaux projets ?
Nous restons motivés malgré la situation actuelle. Notre objectif est de vendre les deux appartements restants à Bchamoun pour pouvoir financer l’achat d’une nouvelle parcelle dans cette région. Mais étant donné la suspension des prêts subventionnés, nous sommes bloqués. Et les prix du foncier ne baissent pas malheureusement autant que celui des appartements.